lundi 19 juillet 2010

CTGQOYCP : L’homme qui vendit la tour Eiffel

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Lundi 19 juillet 2010 :
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Le lundi, comme prévu, un événement « C’est tellement gros qu’on y croit pas ». Et pourtant, tout dans l’histoire racontée est véridique.
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Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à Victor Lustig, probablement le plus grand escroc de tous les temps, qui réussit à vendre ni plus ni moins que … la tour Eiffel !
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Dans les années qui suivirent la fin de la Première Guerre mondiale, Paris est en plein effervescence, aussi bien économique que culturelle. Nous sommes dans ce que plus tard on surnommera les Années folles : les cabarets fleurissent dans la capitale et le jazz fait glorieusement ses premiers pas dans les cabarets et les caveaux du quartier latin et de Saint-Germain-des-Prés.
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C'est ici, dans cette atmosphère, que Victor Lustig vient dépenser l'argent qu'il a frauduleusement gagné outre-Atlantique en lançant un trafic de faux billets. Mais la grande ville est encore plus dispendieuse qu'il ne l'avait imaginé et c'est ainsi qu'il se retrouve sans un sou en poche.
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C'est donc dans sa luxueuse chambre de l'hôtel de Crillon, Place de la Concorde, qu’en lisant un journal français pour « trouver l'inspiration », lui vient une idée folle. Il découvre ainsi sur un article exposant les difficultés de l'État à entretenir la tour Eiffel, construite à l'origine pour L’exposition universelle de Paris de 1889. Il était au départ prévu qu'elle soit démontée en 1909 et ce n'est que son utilité dans le domaine militaire qui l'a sauvée. Elle n'était donc pas prévue pour subsister si longtemps et elle avait un besoin urgent d'être rénovée. Le journaliste finit son article par cette petite ouverture humoristique : « Devra-t-on vendre la tour Eiffel ? ». Sans le savoir, il venait de publier le point de départ de la plus grande escroquerie jamais réalisée.
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Victor Lustig, se faisant passer pour un fonctionnaire du gouvernement, se fit fabriquer de faux avis de mises en concours ayant pour objet la vente de la tour Eiffel qu’il envoya aux six plus grandes entreprises de récupération de ferraille les invitant à participer aux négociations de vente. C'est dans l'hôtel de Crillon qu'une rencontre confidentielle devait avoir lieu. Un pareil hôtel était un camouflage parfait puisque c'était un point de rencontre prisé des diplomates et des hommes politiques.
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À la date prévue, les six ferrailleurs étaient présents. Victor Lustig se présenta comme directeur général, représentant du ministère des PTT. Il expliqua aux intéressés qu'ils avaient été retenus parce qu'on connaissait leur probité en tant qu'hommes d'affaires. Ensuite, il expliqua, dans cette ambiance feutrée et secrète, que la tour Eiffel devait être démolie et vendue comme en tant que « ferraille ». Son aisance-née l'a bien aidé à crédibiliser la situation. Il emmena ensuite les ferrailleurs à la tour pour sonder leur comportement et leur intérêt. C'est une étape très importante : c'était là que tout se jouait. Il est allé directement au guichet avec une carte de ministre hâtivement falsifiée, qui, par un coup de chance inouï, passa sans problème. Il termina en expliquant qu'il attendrait des propositions jusqu'au lendemain.
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Sachant qu'il avait déjà choisi sa cible à l'hôtel de Crillon : André Poisson, un homme peu sûr de lui qui espérait se faire une place dans le monde des affaires parisien grâce à cet achat. Sa femme était méfiante quant-à cette transaction, elle mit ainsi Poisson dans le doute. Pour le persuader, Victor Lustig s'arrangea pour le rencontrer une nouvelle fois. Là, il changea de ton, se mit à faire des confidences et raconta à Poisson qu'il était mal payé et aurait aimé « arrondir » son revenu. Poisson était au courant de la corruption des fonctionnaires de l'État, si bien qu'il comprit immédiatement que Victor Lustig exigeait un dessous de table. Il n'en fallu pas plus pour le convaincre de l'authenticité de la vente.
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Dès que l'affaire fut conclue, Victor Lustig et son associé Dan Collins se réfugièrent à Vienne tandis qu’André Poisson comprit le derrière de la scène. Contre toute attente, les escrocs constatèrent que la presse n'avait pas écrit un mot au sujet de cette escroquerie. Et pour cause, humilié à ce point, André Poisson n'a pas osé dénoncer l'escroquerie à la police.
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Un mois plus tard, Victor Lustig revenait une nouvelle fois à Paris pour recommencer exactement le même stratagème mais le second acheteur, moins dupe, le dénonça à la police. Lustig dû s'enfuir en vitesse.
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