vendredi 16 juillet 2010

Il y a cent ans : Revue de presse du 11 au 17 juillet 1910

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Vendredi 16 juillet 2010 :
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Une petite revue de presse centenaire et cent pour cent subjective des événements qui se sont déroulés l’été 1910 par le biais de la « bible » de l’époque de la presse nationale, « Le Petit Parisien »
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11 juillet 1910 : La Crète recule
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Fin du meeting d’aviation de Reims-Betheny avec « l’exploit incroyable de Olieslager » qui vole plus de cinq heures d’affilés sans se poser.
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En Crète, la presse révèle que l’Assemblée nationale a siégé la veille à Cané et que « 59 députés sur 130 (Chrétiens orthodoxes et mahométans réunis) étaient présents ». Un seul sujet a été soumis aux votes des députés, l’admission des députés musulmans, qui a été approuvé par 55 des députés présents. Assemblée a ensuite été immédiatement ajournée jusqu’à la fin du mois de septembre.
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Les puissances protectrices ont pris acte de cette première avancée mais annonce dans un même temps maintenir la présence de la force coalisée dans les eaux crétoises
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12 juillet 1910 : L’affaire Rochette » devant l’Assemblée

« L’affaire Rochette » ressurgit de nouveau à la fois à l’Assemblée Nationale où, après un vote de confiance, le gouvernement décide la création d’une commission d’enquête sur cette affaire, commission sans pouvoir judiciaire toutefois, et au conseil municipal de Paris où le préfet Lépine est sommé de s’expliquer sur son rôle dans cette affaire.

Pour mémoire, je rappelle que l’affaire Rochette n’est pas sans rappeler l’actuelle affaire Madoff. Créateur du Crédit minier, il émettait des bons d’épargne à la valeur fictive, générant des intérêts importants pour les petits épargnants. Pour payer les sommes dues, il lançait de nouvelles émissions. Pour tromper les autorités de tutelle bancaire, il s’était fait une spécialité dans la présentation de faux bilans.
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Le plus inquiétant dans cette affaire, c’est l’ampleur qu’elle a pu prendre. Cent-vingt millions de francs volatilisés. Personne ne s’est rendu compte de rien - ou personne n’a rien dit - pendant de longs mois.
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Quant au tour de France, ce n’était à l’époque rien d’autre qu’un classement à la fin des nouvelles sportives axées principalement sur le foot, la boxe et surtout les courses hippiques. Le classement se fait à deux niveaux : le classement de l’étape et le classement général au point. Pas de classement général au temps et encore moins de maillot jaune. Trois équipes se sont inscrites au départ (Alcyon, Le Glogle et Legnano) soit trente coureurs et quatre vingt coureurs dit « isolés » courant en solitaire.
« Cinquième étape : Lyon/Grenoble par Nantua, Genève, Annecy et Chambéry : 1er en 10 heures 42’ : Lapize sur bicyclette Alcyon », 2ème Cruppedanli à 1 h 43’, 3ème Vanheuwaert à 1 h 47’. Leader du général au point : François Faber (Alcyon.) Au total, 76 coureurs au départ de l’étape. »
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13 juillet 1910 : Une royale visite
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Les souverains belges sont en visite en France et la capitale se met en quatre pour les accueillir. Albert 1er et sa femme, Elizabeth, sont reçus avec tous les honneurs par le Président Fallières avant de se rendre pour le diner à l’Elysée.
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Comme le clame le « Petit Parisien », « C’est avec une sympathie profonde que Paris et la France saluent l’arrivée des souverains belges. En venant dans notre capitale, ils consacrent une fois de plus l’amitié traditionnelle des deux peuples que l’histoire a intimement associé l’un à l’autre. La France et le Belgique ne connaissent que des souvenirs de fraternité militaire et de solidarité intellectuelle. Nous savons que les cordialités qui s’échangeront cette semaine entre le chef d’état qui nous fait visite et le gouvernement français répondront aux sentiments de millions et de millions d’hommes »
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Les journaux parisiens font aussi état des débats houleux se déroulant à Londres, aux Communes, où le droit de vote pour les femmes est examiné. De nombreux ténors politiques prennent la parole, dont Winston Churchill qui s’oppose violemment à ce texte, mais non parce qu’il ne veut pas donner ce droit aux femmes mais parce qu’il veut l’ouvrir à beaucoup plus, à tous les électeurs potentiels, et qu’il n’est pas convaincu que les femmes veuillent l’exercer.
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Pour le député Asquith qui s’oppose aussi à ce droit, le problème est ailleurs : « le projet qui vous est soumis est contraire à la logique et au bon sens. De deux choses l’une : ou on doit maintenir la distinction des deux sexes ou les droits politiques doivent être concédés à toutes les femmes. Mais, comme le suffrage universel n’existe pas chez nous, comme tous les hommes n’ont pas le droit de vote, vous vous exposez à avoir dans les collèges électoraux une majorité de femme et cela est inacceptable ! »
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14 juillet 1910 : l’opéra pour les souverains belges
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La presse française décrit en long, en large et en travers, la visite des souverains belges à Versailles la veille ainsi que la soirée exceptionnelle donnée à l’Opéra en leur honneur. Le Petit parisien n’est pas en reste puisqu’il consacre par moins de trois pages entières sur les huit de son édition à raconter par le menu ces événements, mélange assez caractéristique de la presse de l’époque, entre Gala et le Figaro !
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Le Tour de France n’étant pas le crique médiatique que nous connaissons, les étapes se déroulent uniquement tous les deux jours, pour permettre aux coureurs de récupérer et surtout aux dernies du peloton de gagner la ville étape.
« Sixième étape : Grenoble/Nice par Gap, Digne et Puget-Théniers : 1er en 11 heures 46’ : Mailron sur bicyclette munie de pneu Dunlop, 2ème Cruppedanli, 3ème Blaise. Leader du général au point : François Faber (Alcyon). Au total, 68 coureurs au départ de l’étape. »
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15 juillet : Une invention surprenante
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La presse décrit par le menu les festivités du 14 juillet se focalisant sur le défilé des forces armées se déroulant à Longchamp ayant pour invités d’honneur les souverains belges. La puissance des troupes d’infanterie et de cavalerie française est mise en avant par tous les observateurs démontrant les orientations militaires de l’armée française à cette époque, orientation qui va se révéler insuffisante lors des premiers mois de la première guerre mondiale.
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L’absence des ballons, pourtant clou de cette parade, immobilisés au sol par le mauvais temps, est regretté de tous et laisse présager là encore une évolution militaire qui se traduira quelques années plus tard par la première escadrille d’avions de combat.
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Noyade accidentelle à Nice d’un coureur du tour de France : Adolphe Heliere, un coureur « isolé » de dix neuf ans. Arrivant à Nice, le jeune coureur, en compagnie de trois autres coureurs, décident de gouter les joies de la baignade dans la Méditerranée. Malheureusement pour lui, il est victime d’une hydrocution. C’est en fait le premier mort recensé sur les routes du tour de France
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Une invention révolutionnaire est testée pour la première fois à Londres et connaît très rapidement un succès énorme. Partant du principe que les lignes téléphoniques utilisées sur de grandes distances rendent inaudible les propos des interlocuteurs, que des bons de commande ou des textes doivent être échangé, le « Téléwriter » ou transmission de l’écriture par le téléphone est testé pour la première fois en une grande démonstration dans les locaux de la mairie de la capitale anglaise.
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16 juillet : Attaque meurtrière à Moulouya
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« Une importante et sanglante affaire vient de se dérouler sur la haute Moulouya à cent kilomètres de Oujda où un détachement français a été attaqué par les montagnards le 12 juillet dernier».
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Par cette simple phrase d’introduction, la métropole apprend les combats qui se sont déroulé quelques jours auparavant dans la région peu sûre de la Moulouya, à la frontière algero-marocaine.
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Lors d’une reconnaissance dans cette région, un détachement de la Légion est attaqué par un très fort groupe de montagnards. Les combats, d’une violence extrême, durent toute la journée du 12 juillet et font 11 morts et 43 blessés dans les rangs des troupes françaises. Les journaux français avancent la mort d’une centaine de marocain.
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Affaires Rochette : la commission parlementaire, dirigée par le député Jaurès, fait ses premières auditions, recevant pour l’occasion Yves Durand, le directeur de cabinet du Préfet de Police de Paris, puis Maurice Bernard, l’avocat de Rochette. Avant d’entendre Mr Monier, le procureur de la République.
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Le but avoué de ces auditions est de découvrir si les gouvernements qui se sont succédés durant la période d’activités du Crédit minier étaient au courant des malversations de Rochette.
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Le Tour de France passe dans notre région avec cette septième étape longue de 345 km.
« Septième étape : Nice/Nîmes par Cannes, Fréjus et Marseille : 1er en 11 heures 56’ : Faber sur bicyclette Alcyon munie de pneu Dunlop, 2ème Paulmier, 3ème Daplic. Leader du général au point : François Faber (Alcyon). Au total, 67 coureurs au départ de l’étape. »
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17 juillet : Les détails de l’embuscade
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De nouvelles précisions sur les combats du Haut Malouya alimentent la presse nationale. Cinq nouveaux soldats sont morts des suites de leurs blessures portant à 16 le nombre de victimes. Le Général Lyautey est désormais présent à Oujda vers laquelle de nombreux renforts sont en train de converger. La presse confirme que plusieurs centaines de montagnards ont participé à l’attaque accréditant l’idée d’une rébellion de grande envergure.
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A La Courneuve, une tornade localisée provoque de nombreux dégâts, surtout au niveau du cimetière de Pantin, et détruit même une maison au 9 rue des longs sentiers. De nombreux arbres ont été aussi arrachés. Heureusement, cette tornade estivale ne fait aucune victime.
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