vendredi 23 juillet 2010

Il y a cent ans : Revue de presse du 18 au 24 juillet 1910

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Vendredi 23 juillet 2010 :
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Une petite revue de presse centenaire et cent pour cent subjective des événements qui se sont déroulés l’été 1910 par le biais de la « bible » de l’époque de la presse nationale, « Le Petit Parisien »
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Lundi 18 juillet 1910 : Une étrange disparition
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Affaire Vermesch : La disparition mystérieuse d’Honoré Vermersch atteint la une des journaux avec l’ouverture par le parquet de Versailles d’une enquête officielle à la suite des déclarations des neveux du disparu avançant la thèse de l’assassinat pour expliquer cette disparition.
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Honoré Vermersch, âgé d’une soixantaine d’année, d’origine belges, habitait le Vésinet en compagnie d’un domestique un jardinier d’une vingtaine d’année d’origine flamande. C’était un riche propriétaire foncier en Belgique et en Autriche et il vivait des rentes produites par la mise en fermage de ses propriétés.
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En mars dernier, le rentier se rendit en Belgique. La veille de son retour, le jardiner fut obligé de se rendre aussi en Flandres pour des problèmes familiaux. Il laissa la maison à la garde de trois amis du rentier que celui-ci hébergeait depuis le début de l’année.
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Lorsque le jardinier revint au Vésinet, pas de trace de son maitre qui pourtant aurait du revenir depuis plusieurs jours. Prévenu et inquiet, les neveux saisirent la police.
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Intempérie : Le « Petit Parisien » fait aussi sa une sur la mini tornade qui toucha Paris dans la nuit du 16 au 17, endommageant gravement les Jardins du Luxembourg, le Boulevard Saint Michel et la place Denfert-Rochereau. Le journal fait le parallèle avec la tornade qui a touché l’après-midi du 16 La Courneuve.
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Le journal parisien se pose pas mal de question sur les causes et les raisons de ces soudaines violentes perturbations météorologiques.
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Tour de France : La huitième étape du tour de France est en fait la plus courte et la plus plate de cette édition, ne faisant que 216 kilomètres et longeant la mer Méditerranée. Comme toutes les étapes, le départ est donné à trois heures du matin. Il est intéressant de noter que le journaliste du « Petit Parisien » qui suit cette édition a changé et que le journal lui laisse un peu plus de liberté, lui permettant d’inscrire une phrase avant le classement et une phrase après.
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« Sept coureurs ont abandonné au cours de la précédente étape. Par suite, seul 63 coureurs se sont mis en ligne hier matin au départ à trois heures du matin de la huitième étape Nîmes Perpignan de 216 kilomètres.
Huitième étape : Nîmes/Perpignan par Béziers : 1er en 6 heures 14’ : Paulmier sur bicyclette Alcyon, 2ème Mailtron à un quart de roue, 3ème Lapize à 10’. Leader du général au point : François Faber (Alcyon.) Au total, 63 coureurs au départ de l’étape.
Une foule énorme a fait ovation aux coureurs qui se plaignent d’avoir souffert de la chaleur. »
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Mardi 19 juillet 1910 : L’avènement de Georges V
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Troubles : Dans la région de Moulouya, les rapports militaires sont de plus en plus préoccupants et font état des risques grandissants d’une nouvelle opération guerrière des rebelles. Le Général Lyautey envoie dans cette région plusieurs éléments militaires pour prévenir toute nouvelle tentative.
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Diplomatie : Les émissaires du roi Georges V venus rencontrer le gouvernement français sont reçus en grande pompe par le Président Fallières. Le Marquis de Northampton qui menait la délégation, venait notifier officiellement la France de la mort du roi Edouard VII et de l’accession au trône d’Angleterre de Georges V.
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« Par ordre du roi, mon auguste souverain, j’ai l’honneur de vous remettre la lettre de sa majesté par laquelle elle vous annonce la mort de sa Majesté Edouard VII, Roi du Royaume uni de Grande Bretagne et d’Irlande et des territoires britanniques au-delà des mers, empereur des Indes et son avènement au trône de ses ancêtres sous le nom de Georges V »
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Affaire Rochette : La Commission d’enquête menée par Jean Jaurès est reçu par le Ministre de la Justice, Louis Barthou. Ce dernier remet à la commission les pièces et documents en la possession de la justice « à l’exception des parties de leurs livres relatives aux opérations de Bourse qui auraient été effectuée du 20 au 23 mars sur les valeurs Rochette, (…) une instruction particulière ayant été ouverte été étant encore en cours. »
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Sont ainsi mis entre les mains de la commission tous les éléments concernant le début de l’affaire durant le mois de janvier 1908.
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Mercredi 20 juillet 1910 : Une royale visite
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Affaire Vermesch : Les autorités ont fouillé la maison et le jardin de Honoré Vermesch mais sans grand succès. Le puits de la propriété a même été sondé toutefois rien ne vient accréditer la moindre thèse, aussi bien celle de la disparition inquiétante que celle de l’assassinat.
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Scandale des Vermiraux : Le « Petit Parisien » commence le récit hallucinant d’un de ses envoyés spéciaux au sein de ce que le journal nomme « la colonie pénitentiaire des Vermireaux », du nom d’une institution de l’Yonne. Depuis les années 1890, les départements de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne, mais aussi ceux de la Somme, de la Loire-Inférieure et de l’Aisne, confiaient des pupilles en mauvaise santé à cette institution censée leur dispenser des soins de climatothérapie. En fait, les pensionnaires, vêtus de guenilles achetées chez des chiffonniers, souffraient du froid, de la faim et de maladies. Une révolte de pensionnaires en 1909 amena une enquête judiciaire longtemps étouffée qui déboucha le 3 juillet 1910 à l’audition du directeur et de la directrice de l’établissement. Cette audition aurait pu rester secrète si un journaliste du journal n’avait trainé au palais de justice amenant l’envoi dans l’Yonne de ce correspondant spécial.
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Tour de France : La « grande boucle » s’attaque aux Pyrénées
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Neuvième étape : Perpignan/Bagnères de Luchon : 1er Lapize sur bicyclette Alcyon et pneu Dunlop en 10 heures 23’, 2ème Georget à 28’, 3ème Faber à 33’. Leader du général au point : François Faber (Alcyon.) Au total, 62 coureurs au départ de l’étape.
Faisons remarquer que, une fois de plus, la bicyclette Alcyon, qui a déjà triomphé dans la plupart des étapes, remporte la victoire. »
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Jeudi 21 juillet 1910 : Attentat à Villejuif
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Sabotage à Villejuif : Depuis le début de la grève des briquetiers dans les usines de Villejuif, la tension n’a cessé de monter. Plusieurs briqueteries continuent à travailler sous la protection des forces armées, des unités du 23ème Régiment colonial. Plusieurs tentatives de débauchages du personnel non gréviste par les leaders syndicaux ont été déjoué par les militaires et le personnel d’encadrement est aussi sous protection.
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C’est dans ce contexte que dans la nuit du 19 au 20, soit un mois pile après le début de la grève, que plusieurs machines de la Briqueterie Leblanc sont détruites à l’explosif dans un attentat qui ne fait toutefois aucune victime. La Briqueterie est paralysée pour de nombreux jours et le personnel mis au chômage. Il ne fait aucun doute pour les autorités que cet acte de sabotage a pour origine le mouvement gréviste.
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Affaire Rochette : De Buenos-Aires où il séjourne dans le cadre d’un voyage de conférence, Georges Clémenceau, ancien Président du Conseil donne un interview à l’Agence Havas, largement reprise par tous les journaux français dont le « Petit Parisien ». Il s’y justifie de son attitude alors que Ministre de l’Intérieur et Président du Conseil, il avait donné des instructions au Préfet Lépine concernant l’instruction de l’Affaire Rochette. Il précise qu’aussi bien Lépine que lui-même étaient soucieux du risque que faisait courir Rochette aux petits épargnants.
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Affaire Vermesch : La justice convoque la totalité des témoins, employés, connaissance de honoré Vermesch pour tenter de trouver un début de piste à la disparition du rentier. Le but est aussi de tenter de retracer son trajet et son emploi du temps après son départ du Vésinet.
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Scandale des Vermiraux : Suite et fin du récit hallucinant d’un de ses envoyés spéciaux au sein de ce que le journal nomme « la colonie pénitentiaire des Vermireaux ». Le journal fait état des premières réactions indignées à la suite de la parution du premier volet de l’enquête la veille.
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Vendredi 22 juillet : le verre de lait
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Erreur judiciaire ? : A Tours, un vagabond s’est présenté spontanément à la gendarmerie et s’est accusé du meurtre des enfants Brière, plongeant la presse judiciaire dans une profonde stupéfaction.
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Rappel des faits : Dans la nuit du 21 au 22 avril 1901, dans une ferme des environs de Tours, les cinq enfants du fermier Brière sont sauvagement assassinés. Le père des victimes, accusés est arrêté et son procès se déroule en décembre 1901. Malgré ses véhémentes protestations, il est condamné à la peine capitale. Peu après, M.Loubet, Président de la République commuait la peine de Brière en travaux forcés à perpétuité. Brière meurt à Cayenne le 28 mai 1910.
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Voilà donc que deux mois après la disparition du principal accusé, un vagabond avoue le crime et apporte des précisions connues seulement des forces de police. Pire, ses déclarations éclairent sous un jour nouveau les déclarations du condamné en confirmant ses dénégations au moment du procès.
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Le « verre de lait » : La visite de Georges Clémenceau en Argentine a un effet inattendu en France. Le « Petit Parisien », comparant le système éducatif argentin avec celui de la France, se demande très sérieusement s’il ne faut pas appliquer une des habitudes argentines à savoir la distribution du verre de lait le matin aux élèves des écoles dans le but avoué « de faire baisser le nombre important des enfants débiles s’y trouvant.»
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Tour de France : Dixième étape : Bagnères de Luchon/Bayonne (326 km) Cette épreuve a été particulièrement pénible en raison surtout des difficultés du parcours : 1er Lapize sur bicyclette Alcyon et pneu Dunlop en 14 heures 11’, 2ème Altimi à une longueur, 3ème Faber à 10’. Leader du général au point : François Faber (Alcyon.) Au total, 62 coureurs au départ de l’étape.
Les bicyclettes Alcyon remportent encore une fois la victoire. Ce résultat est d’autant plus significatif que la route suivie par les coureurs est excessivement accidentée. »
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Samedi 23 juillet : Encore les apaches
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Erreur judiciaire ? : Le « Petit Parisien » revient longuement sur les révélations de Joseph Bourreau, le vagabond qui s’accuse du meurtre des enfants Brière. Les journalistes relèvent des contradictions entre le récit de Brière lors de son procès, celui de Bourreau et les constatations faites par la police sur les lieux du crime.
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Mais ce qui trouble le plus les enquêteurs, ce sont certaines révélations de Bourreau que seule la police connaissait, confortant la thèse que si Bourreau n’est pas le meurtrier, il se trouvait à proximité de la ferme ce soir là. Enfin, la justice reconnaît que la lettre anonyme reçu par la justice quatre jours après le meurtre et innocentant Brière, mise de côté car prise pour l’œuvre d’un plaisantin, a bien été écrite par le vagabond.
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Les apaches : De nouveaux incidents se déroulent entre les forces de l’ordre et une bande d’Apache venue des quartiers sud de Paris. Un agent est même blessé par balle tandis que plusieurs autres sont blessés légèrement.
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Ces heurts se déroulent moins de vingt quatre heures après le meurtre à l’arme blanche par une bande d’apache de Charonne d’un serrurier dont le seul tort avait été de fréquenter l’amie du chef de la bande.
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Affaire Vermesch : Les journaux se font l’écho de la réapparition du disparu à Vienne, Bruxelles, Londres, dans le Tyrol, à New-York et même à Buenos-Aires. Chaque journal possède sa propre vérité, sa propre hypothèse.
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Seul problème : Vermesch n’est dans aucun des endroits cités !
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Dimanche 24 juillet : Rebondissement judiciaire
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Erreur judiciaire ? : Joseph Bourreau se rétracte et reconnaît avoir menti dans ses déclarations. Las de la vie, il n’avait trouvé que ce moyen pour en finir. La presse fait toutefois remarquer que si le récit du vagabond était truffé d’erreur, il demeurait malgré tout qu’il était au courant d’éléments inconnus du public et qu’il connaissait bel et bien les lieux.
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Tour de France : Le compte rendu de l’épreuve par le « Petit parisien » sort soudain des sentiers battus avec un résumé toujours aussi court mais soudain truffé d’information. Probablement un nouveau changement de journaliste.
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« Onzième étape : Bayonne/Bordeaux (269 kilomètres) : une cinquantaine de coureurs on t participé à cette onzième étape du tour de France cycliste.L’arrivée a eu lieu au Pont de la Maye.
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A 11 h 42’, un peloton de quatre coureurs arrivent et Cruppelandi passe premier.2ème Ernest Paul à un quart de roue, 3ème Grachon à une demi roue, 4ème Azzini à une roue.
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Ce classement s’est trouvé modifié. Azzini (italien) a déposé une réclamation contre Cruppelandi (Français) qui à l’arrivée le balança d’une poussée de la paume de la main. La réclamation, examinée par les juges de l’arrivée, a été admise. Cruppelandi est donc déclassé et prend la quatrième place, Ernest Paul est déclaré vainqueur.
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Leader du général au point : François Faber (Alcyon.)
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