dimanche 25 juillet 2010

L’info du dimanche : Les amalgames du gouvernement

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Dimanche 25 juillet 2010 :

La nouvelle rubrique de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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La problématique des gens du voyage fait aussi bien la une de l’actualité nationale que de la presse locale. La Provence, édition Etang, a consacré cette semaine plusieurs articles aussi bien sur les gens du voyage installés au Parc du Griffon que sur l’ancienne aire de stationnement des Bagnols, à l’abandon depuis de trop nombreuses années.
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Ces articles, mis en ligne et autorisés aux commentaires, ont amené un nombre appréciable de réaction que je qualifierais pour le moins de « limite » sans compter un nombre encore plus importants d’amalgames, approximations, préjugés et rumeurs d’un autre âge.
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Dans ce contexte, cet article du Monde écrit par Ilan Caro, mettant un peu d’ordre dans toutes ces contre vérités et revenant sur les événements de Saint-Aignan m’a semblé être fort opportun. Je vous laisse donc le découvrir
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Gens du voyage : les amalgames du gouvernement
LEMONDE.FR | 21.07.10 | 20h26 • Mis à jour le 21.07.10 | 20h44
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Les violences survenues à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) après la mort d'un membre de la communauté des gens du voyage ont amené Nicolas Sarkozy, mercredi 21 juillet, à annoncer la tenue d'une réunion le 28 juillet à l'Elysée sur les "problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms". Le président de la République a précisé que cette réunion "fera le point sur la situation de tous les départements et décidera des expulsions de tous les campements en situation irrégulière".
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De nombreuses associations s'en sont aussitôt indignées : "Il ne faut pas faire une réunion pour stigmatiser une ethnie" car "cela donne l'impression que tous les gens du voyage et tous les Roms sont des criminels et des délinquants", a réagi la Ligue des droits de l'homme.
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Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a d'ailleurs pris soin de préciser que le chef de l'Etat "ne cherche pas à stigmatiser une communauté mais à répondre à une problématique", sans toutefois évacuer les approximations : "On a beau être rom, gens du voyage, parfois même français au sein de cette communauté, eh bien on doit respecter les lois de la République."
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Saint-Aignan : un problème de droit commun ?
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Sans commenter directement l'annonce faite par Nicolas Sarkozy, le sénateur UMP Pierre Hérisson, président de la commission nationale consultative des gens du voyage et auteur en 2008 d’un rapport sur leur stationnement, redoute que "l'accident de Saint-Aignan" ne suscite "des amalgames". Pour lui, "ce qui s'est passé à Saint-Aignan relève du droit commun. Ce n'est pas un problème lié aux gens du voyage".
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D'autant que le maire de Saint-Aignan, Jean-Michel Dillon (divers droite), confirme que la famille de la victime appartenait certes à la communauté des gens du voyage, mais vivait sédentarisée dans des logements "en dur" depuis deux générations.
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Roms et gens du voyage : deux communautés distinctes
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Le sénateur de la Haute-Savoie rappelle en outre que les Roms ne peuvent en aucun cas être considérés comme des gens du voyage. Bien que mises côte à côte dans la même phrase par Nicolas Sarkozy, ces deux communautés n'ont ni la même histoire ni le même statut juridique, et n'entretiennent aucune relation. "On a d'un côté les Roms, qui sont des citoyens étrangers de l'Union européenne [principalement de Roumanie et de Bulgarie], et de l'autre les gens du voyage, qui sont des Français à part entière, et depuis plus longtemps que les Bretons et les Savoyards", détaille Stéphane Lévêque, directeur de la Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les gens du voyage (Fnasat).
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M. Lévêque dit "ne pas bien comprendre" ce qu'envisage réellement le chef de l'Etat en annonçant "les expulsions de tous les campements en situation irrégulière" : "S'il parle des bidonvilles occupés par des migrants roms en situation d'extrême précarité, cela ne ferait qu'amplifier leurs difficultés et celles des collectivités. S'il parle des gens du voyage, il faut alors rappeler que le dispositif d'accueil n'est pas suffisant."
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Des aires d'accueil obligatoires dans les communes de plus de 5 000 habitants
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L'accueil des gens du voyage est encadré par la loi Besson du 5 juillet 2000, qui prévoit l'élaboration, dans chaque département, d'un schéma déterminant les secteurs géographiques et les communes où doivent être implantées les aires permanentes d'accueil. La loi précise que toutes les communes de plus de 5 000 habitants doivent faire partie de ce schéma départemental, et donc comporter une aire d'accueil.
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Selon M. Lévêque, moins de 50 % des places prévues par ces schémas avaient été effectivement réalisées fin 2008. "On est parti de zéro en 2000, et il y a actuellement vingt-quatre mille terrains en France", tempère Pierre Hérisson, estimant que cette loi a posé les bases "pour traiter un problème alors considéré comme une patate chaude".
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Les "grands passages", sources de conflits avec les collectivités locales
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Mais pour le sénateur, ces aires d'accueil familiales, qui comptent souvent une trentaine de places et qui s'adressent à des populations très ancrées localement, relèvent davantage d'une "politique de logement social adapté" que d'une problématique spécifique aux gens du voyage. Les grands rassemblements, à l'occasion par exemple de pèlerinages religieux estivaux, sont en revanche à l'origine de fréquents conflits avec les collectivités locales, comme dernièrement à Dole, à Vesoul à Agde ou encore dans le Pas-de-Calais.
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C'est l'Etat qui a la charge d'organiser l'accueil des gens du voyage lors de ces rassemblements. Quelques "aires de grand rassemblement", dans le Sud-ouest et dans l'Est, peuvent accueillir jusqu'à vingt-cinq mille caravanes. La loi prévoit également des "aires de grand passage" (deux cents à deux cent quarante caravanes). Une circulaire du ministère de l’intérieur du 13 avril recommande aux préfets d'aménager "au moins deux aires de grand passage par département" et détermine les conditions d'accueil (caractéristiques du terrain, désignation de référents responsables chez les gens du voyage...)
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"C'est la première année que c'est organisé, et cela se passe donc tant bien que mal, avec plus ou moins de bonheur", reconnaît M. Hérisson. Il précise que le Var, l'Hérault, la Savoie, la Haute-Savoie et l'Ain sont les départements "les plus prisés" par les organisateurs de ces grands passages et qu'"une seule organisation – Vie et Lumière, une mission évangélique des Tsiganes de France – est à l'origine de 95 % des grands passages".
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Ilan Caro
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