vendredi 5 novembre 2010

Des nuisances à ne pas ignorer

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Vendredi 25 novembre 2010 :
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La suite de mon travail sur Vitrolles avec aujourd’hui au programme plusieurs problèmes qui touchent certains citoyens vitrollais en leur rendant la vie intenable. Si vous voulez lire les autres sujets abordés, je vous propose de cliquer sur le lien suivant : « réflexions subjectives sur Vitrolles ».
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Le gros morceau de l’environnement et son corollaire direct, l’Agenda 21 ont été étudié dans le chapitre précédent. Toutefois, dans les quelques pages qui viennent, nous allons toujours rester dans le domaine environnemental et nous allons nous plonger de manière beaucoup plus précise dans ce que je nommerais par provocation « quelques dysfonctionnements environnementaux » touchant notre commune. Nous allons donc parler des nuisances sonores avec les trajectoires de décollage au départ de l’aéroport de Marseille-Provence, les nuisances olfactives, pour l’instant stoppées, en provenance du Centre de Stockage des Déchets Ultime du Pays d’Aix
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Parce que la lutte contre le bruit fait partie de ses compétences, la Communauté d'agglomération du Pays d'Aix (CPA) a mené en 2008 une vaste étude sur l'exposition de la population aux nuisances sonores occasionnées par les infrastructures de transports et certaines industries. Les données collectées ont démontré, par exemple que plus de sept mille foyers du Pays d’Aix vivent surexposés au bruit routier tandis que plusieurs dizaines de milliers sont impactés par le bruit des avions aussi bien autour de l’aéroport de Marseille-Marignane, que de l’aérodrome des Milles ou plus simplement sur les trajectoires de décollage ou d’atterrissage de ces deux ensembles.
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Cette étude a permis de confirmer, sans aucune surprise, que les zones situées à proximités des grands axes routiers, ferroviaires et aériens sont les plus impactées par mes nuisances sonores. Toutefois, un des résultats les plus importants de cette étude menée à l'échelle de la collectivité territoriale, est que trois communes seulement concentrent l'ensemble des nuisances auditives (bruit routier, ferré, aérien et industriel): Aix-en-Provence, Les Pennes-Mirabeau et Vitrolles.
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Nous habitons malheureusement dans l'une de ces trois communes et par conséquence, directement aux prises avec ce fléau qu’est le bruit. Car, il ne faut pas se cacher derrière notre petit doigt : des dysfonctionnements existent et pourrissent la vie de certaines vitrollais.
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Les nuisances sonores
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Lorsque le 25 juillet 1909, Louis Blériot traverse la Manche, il devient en moins d’une heure un héros mondial. Il est aussi probable qu’il ignorait qu’un siècle plus tard, certains regretteraient que ce vol ait eu lieu. Je le reconnais volontiers, j’exagère mon propos mais je suis convaincu que plusieurs habitants de Vitrolles ne sont pas loin de le penser !
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Quant à Henri Fabre qui, le 28 mars 1910, fit voler le premier hydravion au dessus de l’Etang de Berre, il ne savait pas qu’il effectuait en fait le premier vol au départ de ce qui deviendrait l’aéroport de Marseille-Provence. Et, paradoxalement, que ce soit pour Louis Blériot ou Henri Fabre, personne ne se plaignit à l’époque du bruit « pétaradant » des engins qu’ils pilotaient.
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Car l’un des problèmes les plus récurrents concernant notre cité, c’est les nuisances sonores dont sont victimes les habitants de plusieurs quartiers de la ville, nuisances grandement provoquées par l’activité de l’aéroport voisin de Marseille-Provence.
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Quelques données pour se faire une idée
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Avant d’aller plus loin dans le propos, quelques données concernant l’aéroport de Marseille-Marignane sont nécessaires pour à la fois comprendre les enjeux et prendre conscience des désagréments subis. Mais, tout d’abord, un peu d’histoire.
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Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, les citoyens prennent conscience de l’intérêt politique et économique présenté par le transport aérien. Une note gouvernementale, établie en aout 1919 et adressée à toutes les chambres de commerce de France et de Navarre, annonçant l’organisation de routes commerciales aériennes, en témoigne
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Avec un trafic de 7 290 119 passagers sur l'ensemble de l'année 2009, l’aéroport connaît une hausse pour la sixième année consécutive et enregistre un nouveau record.
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La progression de 4,7% par rapport à 2008 constitue la meilleure progression des aéroports européens derrière Milan Bergamo. L'ensemble des aéroports européens réalisant plus de 4 millions de passagers enregistre une baisse de 7,2%. Mais cette progression masque une grosse disparité entre les résultats du trafic national (+8,3%) et international (+1,5%) répartis à 50/50.
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Le national avec 3 549 244 passagers est dopé par les liaisons vers les régions françaises (+47,7%) notamment grâce aux bonnes performances des nouvelles liaisons mises en place par Ryanair sur Nantes (+64%) et sur Lille (+122%) qui attirent de nouveaux passagers qui ne voyageait pas ou prenaient le train alors que Paris cède encore du terrain avec une chute de 6,7% de son volume passager.
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L'international doit beaucoup à l'Afrique du Nord en progression de 10,1% et principalement au Maroc (+18%) et à l'Algérie (+10%). Le reste de l'Afrique connaît une baisse importante de 25,2% expliquée principalement par la cessation des activités d'Air Sénégal International et au net recul de l'Egypte.
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Grand écart également sur les chiffres des deux terminaux. MP1 recule de 4,8% alors que MP2, le terminal réservé aux compagnies low-cost, progresse de 57,6%.
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Les bons chiffres enregistrés par la plate-forme phocéenne durant les neuf premiers mois de 2010, (+ 3% de trafic du 1er janvier au 30 septembre 2010 pour un total de 5 736 550 passagers), malgré les grèves et les épisodes volcaniques islandais, devraient permettre à l'aéroport de présenter un nouveau record de trafic annuel en 2010.
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Toutefois, ce trafic a entrainée 122 664 mouvements d’avions et c’est ce point là qui nous intéresse et nous touche directement dans notre vie quotidienne.
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On ne peut passer sous silence le départ programmé de Ryanair, compagnie que tout le monde connaît désormais par ses pratiques et que l’ADEV a souvent montré du doigt lors des incidents sonores recensés par elle. Je suis intimement convaincu que ce départ ne va pas changer grand-chose ni dans la fréquentation de l’aéroport, ni dans le nombre des mouvements aériens. En effet, la nature ayant horreur du vide, la place laissée vacante par la compagnie irlandaise devrait rapidement être occupée. Espérons seulement que le remplaçant sera plus respectueux des procédures de décollages au sud !

Un petit rappel des événements passés
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Mais ces chiffres économiques ne peuvent cacher la réalité du terrain et le calvaire que vive certains jours les habitants des quartiers sud de Vitrolles. Qu’a-t-il bien pu se passer dans la tête de ce fonctionnaire de la DGAC (car ce fonctionnaire doit bien exister quelque part) pour que du jour au lendemain, il autorise les avions en provenance ou à destination de Marignane à survoler notre quartier et troubler notre tranquillité avec autant de constance ?
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Essayons de comprendre comment on a pu en arriver là !
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Le sens d’évolution des avions est lié aux conditions météorologiques. Les avions doivent décoller (et atterrir) face au vent dès lors que le vent soufflant dans l’axe des pistes est supérieur à 9 km/h.
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Dans l’hypothèse d’un vent du sud (25 % du temps environ), les quartiers sud de Vitrolles sont amenés à être survolés par des avions qui prennent ensuite la direction du nord ou de l’est (environ 18 % sur l’année des départs totaux). Cette procédure est ancienne puisqu’elle date de 1989.
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Elle implique le respect d’une pente de montée de 8 %, de virer à gauche à une altitude de 300 ft (91 m) mais pas avant d’avoir atteint l’extrémité de la piste, ce qui explique le survol des quartiers sud de Vitrolles.
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Les autorités ayant pris conscience des nuisances causées par cette procédure, elles constituent un groupe de travail sous l’autorité de Monsieur le Sous Préfet d’Istres, réunissant les communes et associations concernées par cette procédure ou son éventuelle modification.
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A la fin de l’année 2007, des études d’impact environnemental ont été présentées sur la base de scénarios arrêtés par le groupe de travail et, au début de l’année 2008, il a été décidé de compléter ces études par l’étude de nouvelles trajectoires sur la base de propositions émanant de l’ADEV (Association de Défense de l’Environnement de Vitrolles).
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A la fin de l'année 2008, s'est réunie la Commission Consultative de l'Environnement présidée par Monsieur le Sous Préfet d'Istres qui comprend 3 collèges disposant du même nombre de représentant : Les professions aéronautiques, les collectivités locales et les associations.
A l'issue d'un vote sur les 3 propositions principales qui avaient été retenues, les membres de la Commission, à une très large majorité (à l'exception des représentants de la ville de Vitrolles et de l'ADEV), ont opté pour la proposition du groupe de travail (n°1) en soulignant que cette procédure impactait 2000 vitrollais de moins et permettait d'éviter le survol des autres communes déjà fortement pénalisées par d'autres procédures de circulation aérienne.
Cet avis de la Commission n'est que consultatif.
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Des aménagements ont été apportés cet année pour essayer de moins impacter ces quartiers, par le biais d’une ascension plus rapide et d’un couloir survolant purement et simplement la RD9. L’usage de cette disposition durant l’été a démontré que, même avec une amélioration sensible du trafic, les nuisances n’avaient pas disparu pour autant, bien au contraire comme nous allons le voir.
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Le P.G.S. ou Plan de Gène Sonore
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Or, devant la recrudescence de ce type de nuisance, les vitrollais partent désarmés s’ils veulent s’en protéger. En effet, la ville n’a pas eu droit à son inscription sur le Plan de Gens Sonore de l’Aéroport de Marseille-Provence qui date de 2004 et qui recouvre les communes de Berre, Saint Victoret et Marignane.
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La loi n° 98-335 du 3 avril 1998 relative à la lutte contre le bruit a étendu le dispositif d’aide appliqué à Orly et CDG aux huit principaux aéroports de province. Le principe de ce dispositif est simple : sur chacun des aéroports visés par la loi, une taxe est prélevé auprès des exploitants aériens à chaque décollage d’aéronef de plus de 2 tonnes. L’assiette de calcul de cette taxe est fondée sur la masse (M) de l’aéronef, le groupe acoustique de l’aéronef, l’heure du mouvement (jour, soirée ou nuit) et un taux unitaire (t) qui est fonction de la plate-forme.
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Ces fonds sont ensuite redistribués sous la forme d’une aide financière aux riverains dont le dossier de demande d’insonorisation est accepté par le gestionnaire de la plate-forme. Préalablement, aura été recueilli l’avis de la Commission Consultative d’Aide aux Riverains, composée notamment de représentants de L’État, du gestionnaire d’aéroport, des exploitants aériens, des communes concernées et d’associations de riverains.
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Conséquence directe de cette non inscription : les vitrollais désireux d’insonoriser leurs logements ne peuvent disposer de strictement aucune aide financière !
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Et maintenant ?
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Il est vrai qu’après l’été « infernal » auquel nous avons eu droit, avec avions de plus en plus bas et de plus en plus nombreux, hélicoptères en vol stationnaires quotidiennement, multiplication des vols de nuits, la situation s’est pour le moins dégradée et l’exaspération des vitrollais et principalement ceux habitant dans les quartiers sud a été portée à son comble.
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Je ne veux pas faire « l’écolo gauchiste » hurlant après les avions mais faute est de constater que c’en est fini de notre tranquillité depuis près de quatre ans.
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C’est qu’il y en a des nuisances sonores : Pas moins de 250 avions, rien que sur le mois de septembre ont été recensé dépassant le seuil de 70 dB. Onze mille habitants (sur environ 40.000 vitrollais) impactés par le phénomène …
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La DGAC a eu une idée lumineuse suite à une enquête des plus rapide (comme quoi, quand on veut, on peut) : Dévier les trajectoires des avions qui emprunteraient … la RD9 jusqu’au Stadium, évitant ainsi le survol des quartiers sud.
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Toutefois, comme l’écart de trajectoire tolérée est de 900 mètres de part et d’autre de celle-ci, cette proposition permettrait d’épargner deux mille personnes environ mais en impacterait un millier de plus. Pas vraiment souhaitable à mon goût ni au goût de la plupart des personnes habitants sous cette nouvelle trajectoire. Déshabiller Paul pour habiller Pierre n’est peut-être pas la meilleure des solutions.
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Pourtant, l’aéroport ne s’est pas fait en 2003 que je sache. L’histoire de l’aviation n’a pas commencé avec le troisième millénaire. Alors, comme Philippe Gardiol, l’adjoint à l’environnement l’a fait en son temps, je pose moi aussi la question : « Avant 2003, où était donc tous ces avions qui passent au dessus de nos têtes? »
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Bonne question. Mais il semble que la solution consistant à dévier les trajectoires plus au sud, vers les zones à moindre densité, soit au dessus des forces et de la compréhension de ceux qui les tracent. A moins qu’un esprit mal intentionné préfère troubler la vie des vitrollais plutôt que celle des chèvres se trouvant dans ces collines.
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Au-delà de cela, l’Acnusa a annoncé dernièrement avoir obtenu un décret-cadre limitant le survol des zones urbaines par les avions. Problème à mes yeux : les décrets sont souvent tardifs, encore faut-il qu’ils soient publiés au journal officiel. Même si c’est une bonne nouvelle, j’attends sa publication pour me réjouir.
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En attendant, Eric Diard, le député UMP de notre circonscription, a redéposé sa proposition de loi, en fait un amendement qui permettrait à l’ACNUSA d’avoir enfin un pouvoir d’injonction et ainsi pouvoir enfin agir vis-à-vis des aéroports français. Mais il va falloir de très longs mois avant qu’il ne soit adopté par l’Assemblée Nationale.
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A ce propos, vérité oblige, Eric Diard a été dans l’obligation de redéposer sa proposition et de nouveau lui faire effectuer le parcours du combat propre à chaque proposition, pour cause de changement de Législature et d’élection d’une nouvelle Assemblée. A chaque changement, on remet les pendules à zéro et les projets en cours d’étude doivent être repris au début.
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Mais, pour l’instant, aucun doute possible : il vaut mieux être une chèvre qu’un habitant de Vitrolles.
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Quelle chance de succès ?

Maintenant, ceci posé, soyons réaliste. Je suis intimement convaincu qu’il est fort peu probable, voire irréalisable, que l’aile « extrémiste » des contestataires qui réclame l’arrêt total des vols au dessus des Pinchinades soit entendue. Le combat doit se déplacer sur la manière de les réduire ou, au pire, qu’elles reviennent au niveau auxquelles elles se trouvaient il y a cinq ans. Il est aussi peu probable que nous (les vitrollais) arrivions rapidement à un accord de partage des nuisances avec les autres communes concernées.
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J’émettrais quelques réserves sur l’ADEV dont je suis aussi membre et qui est actuellement soutenue à bout de bras par la ville de Vitrolles. L’ADEV voit son action actuelle malmenée par les villes limitrophes à Vitrolles qui ne pensent, à mon avis, qu’à leur clocher mais c’est dans la nature humaine. Comme je ne suis pas avocat, je verrais bien des actions plus « musclées » !
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Le Maire de Vitrolles ainsi que l'Association de Défense des Vitrollais ayant manifesté leur opposition à cette trajectoire, Monsieur le Préfet a demandé aux Services d'Etat de faire de nouvelles propositions.
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Enfin, pour terminer ce chapitre des nuisances sonores directement générées par l’aéroport de Marseille-Provence, effleurons un sujet sensible : savez-vous que deux alertes de sécurité ont été enregistrées par la DGAC lors de décollage de notre aéroport ? Un Iliouchine le 10 juin 2010 et un Antonov le 24 juillet 2010. Tout deux ont aussi survolé les quartiers suds …
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Voilà où nous en sommes pour l’instant sur le sujet des nuisances sonores. Étudions maintenant les nuisances olfactives.
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Les nuisances olfactives

Durant quelques mois, certains quartiers de notre commune furent sujets à des nuisances olfactives. Suivant le sens du vent, il devenait vraiment difficile de respirer dans les rues. Il ne fallait pas être devin pour s’apercevoir que ces odeurs provenaient du plateau de l’Arbois et étaient rabattues sur la ville par les vents portants. Toutefois, ce qui semblaient une évidence mis quelques semaines à être prouvés, une accusation contre une structure ne pouvant se faire sans preuve concrète.
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Toutes les suppositions allaient bon train mais un coupable idéal se dégageait de toutes ces hypothèses : le C.S.D.U. du Pays d’Aix situé sur le plateau de l’Arbois, en bordure de la cuesta de Vitrolles.
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Le CSDU, quèsaco ?

Le C.S.D.U est le Centre de Stockage des Déchets Ultimes du Pays d’Aix, en fait un centre d’enfouissement plus connu des vitrollais sous l’abréviation de CET. Son autorisation d’exploitation court jusqu’en 2015 mais le contrat entre la CPA et l’exploitant est lui de cinq ans renouvelable.
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Jusqu’au début de cette année, nos poubelles, expurgées du tri sélectif (papier, verre, cartons et autres encombrants atterrissant dans les déchetteries) partaient vers ce lieu, existant depuis plus de cinquante ans, exploité d’abord par la ville d’Aix puis par la CPA. De classe II, son exploitation sous cette forme a commencée en 1997. Mais, ne nous leurrons pas : derrière la dénomination de Centre de Stockage des Déchets Ultimes se cachent ni plus ni moins qu’une décharge, autrement dit, la décharge du Réaltor.
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Là, bien à l’écart d’Aix mais si proche de Vitrolles, sur ce plateau si souvent battu par le vent, sur une zone de soixante hectares, on été construit quatre énormes bassins (des « casiers ») pouvant accueillir annuellement 150000 tonnes de déchets par an (85 % des déchets de la communauté urbaine, les 15 % restant sont traités par d’autres CDSU comme celui du Jas de Rhodes aux Pennes-Mirabeau). Le biogaz, issu de la fermentation des déchets enfouis, collecté par des drains et des puits, était brûlé in situ par deux torchères.
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Sur les quatre bassins initiaux, trois ont déjà été enfouis, recouverts de couches : terre, déchets, terre, déchets... et au sommet du millefeuille verdit la végétation
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Si les bassins restent, nous verrons plus loin que les torchères, elles, ont disparu. Mais ce n’était pas les torchères qui causaient problèmes comme nous allons le voir.
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Le centre de stockage de l’Arbois dépend d’un contrat d’exploitation qui arrivera à expiration en décembre 2010. Bien évidemment, le cahier des charges du prochain appel d’offres est en cours de rédaction et de nouvelles exigences beaucoup plus draconiennes vont y être incorporées.
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Entre autre chose, le nouveau cahier des charges exigera la couverture d’un maximum de superficie du bassin 3 actuellement en exploitation. Une couverture au fur et à mesure de l’avancement de l’exploitation de ce bassin sera donc prévue et non lorsque celui-ci
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D’autre part, la CPA souhaite disposer d’un outil permettant de quantifier les odeurs et leurs nuisances et constituer ainsi une base de référencement et une norme acceptable par les riverains et transposable aux autres sites comme les sites pétrochimiques ou les déchetteries. Combinée avec une modélisation crée par le cabinet d’experts Guigues, à partir d’une rose des vents qui permet de déterminer les zones couvertes par le panache de fumées odorantes, les problèmes olfactifs sur le territoire de la CPA devraient être mieux appréhendé, compris et combattu
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Pour établir cette base, la CPA a fait appel à des « nez bénévoles » qui travaillent actuellement sur les odeurs émanant du CET.
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La genèse de l’affaire
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Tout commença en 2007 quand durant le second semestre, pas moins de vingt six plaintes furent déposées par des vitrollais auprès de l’Airfobep. Ce qui semblait n’être qu’un petit épisode malodorant devint récurrent quand l’Airfobep en 2008 dénombra quatre vingt neuf plaintes et cent une en 2009. Il y avait donc bel et bien un problème olfactif sur le territoire de la commune qui entrait du même coup dans le top 5 des villes les plus malodorantes.
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Toutes les plaintes désignent unanimement le centre de stockage de l’Arbois qui dépend de la Communauté du pays d’Aix (CPA). Mieux, ils font circuler plusieurs pétitions au point que l’ADEV, ne s’occupant pourtant que des nuisances sonores liées à l’aéroport, étend son champ d’action pour y inclure aussi ce type de nuisances.
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La DREAL (direction régionale de l’équipement, l’aménagement et du logement) est alors saisi par l’Airfobep pour que la source de ces nuisances soient clairement identifiée mais il faut l’intervention de l’adjoint vitrollais à l’environnement Philippe Gardiol auprès de la CPA pour que celle-ci mandate un cabinet d’experts indépendant pour identifier la source des nuisances de manière indiscutable et déterminer les solutions appropriées à apporter pour éradiquer ce problème.

Au début de l’été, Michel Boulan, vice-président de la CPA en charge du dossier des déchets, confirme que les experts ont déterminé l’origine des nuisances, confirmant qu’il s’agit bien du centre d’enfouissement technique. Une solution ayant été trouvée, les travaux devaient commencer à l’automne.

La nature exacte des nuisances

Le bureau aixois Guigues Environnement chargé de l’enquête a rendu son rapport fin juin. Ce rapport démontre que le CET est bien à l’origine des nuisances olfactives dont la provenance a pu être circonscrite au bassin 3 en cours d’exploitation (98% des odeurs). Ce rapport exonère complètement l’usine de méthanisation récemment ouverte sur l’Arbois qui avait été pointé du doigt un petit moment.

Mais ce rapport indique aussi que Vitrolles n’est pas la seule ville impactée par ces nuisances. La zone touchée faisant près de six kilomètres de rayon atour du CET, la ville de Cabriès tout comme la gare de l’Arbois sont aussi touchées par ces désagréments.

La cause principale a aussi été trouvée par les experts. Il s’agit d’un excès d’eau dû aux pluies de ces deux dernières années supérieures à la normale. Des liquides excédentaires fermentent et modifient les réactions chimiques à l’intérieur du bassin, accélérant la dégradation des déchets et provoquant de fortes émanations olfactives.

Deux causes secondaires ont été aussi mises à jour : des évacuations de biogaz à travers les couvercles pas assez étanche posés sur les bassins de stockage et enfin, des gros travaux qui ont été effectués l’année dernière et qui ont provoqué le maniement de gros volumes de déchets.
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Quelle solution pour y remédier
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En fait, le rapport a été une confirmation de ce que les techniciens de la CPA (et les « incommodés ») soupçonnaient. En conséquence, la communauté territoriale n’a pas attendu la remise des conclusions du rapport pour s’attaquer sans attendre au problème.
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De manière provisoire, elle a mis en place un système de navette de camions pour évacuer le lixiviat excédentaire (Eaux résultant de la fermentation des déchets dans les casiers des centres d’enfouissement) .vers la station dépuration des Milles. Chaque mois, ce sont environ 40 000 m³ de lixiviat qui sont ainsi retraités
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A plus long terme, la CPA va construire un nouveau bassin d’une capacité de l’ordre de 500 000 m³ pour conserver ces lixiviats et les traiter sur place, bassin qui pourrait voir le jour en 2011.
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Enfin, à beaucoup plus long terme, la C.P.A. étudie la possibilité de construire une station d’épuration attenante au C.E.T. pour traiter ces déchets spécifiques. Mais cette station, à construire dans un endroit fragile, demande grands nombres d’autorisations et d’études et ne verrait donc pas le jour dans le futur proche.
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La création d’une usine de méthanisation
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Outre le problème d’être une décharge à proximité d’un lieu autrement sensible du point de vue environnemental, le C.E.T. ajoutait un autre gros inconvénient par le biais de ses torchères et du CO2 que le centre rejetait dans l’atmosphère. Pour se plier aux normes et répondre à certains objectifs, il a bien fallu étudier d’autres solutions et parmi celles qui ont émergé, ce fut la solution de la méthanisation qui fut retenu par la C.P.A.
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Pour remplacer les torchères. Cofely, filiale de GDF Suez, a mis en place un nouveau système de revalorisation des déchets.
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La fermentation naturelle de ces déchets dans les bassins, produits d’assez importantes de biogaz Ce biogaz est pompé puis acheminé par canalisation à une usine installée à proximité immédiate des bassins pour être traitée et transformée en énergie. L’électricité produite est dirigée sur les lignes EDF via cinq kilomètres de réseaux enterrés. Bilan : EDF rachète l’énergie, Cofely en tire assez de subsides pour avoir investi quelque 3,5 millions d’euros dans l’opération. La CPA, elle, se verra reverser une redevance de l’ordre d’un million d’euros chaque année.
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Le biogaz est issu de la méthanisation des déchets, un processus naturel biologique de dégradation de la matière organique -de plus en plus de centrales de traitement des déchets, à l’instar de celle de la communauté urbaine de Marseille installée Fos, ont leur propre usine de méthanisation en sus de l’incinération. Le biogaz est traité de façon à optimiser son potentiel énergétique. Il est ensuite utilisé comme carburant dans des moteurs entraînant chacun une génératrice et constituant ainsi des groupes électrogènes. Le "collecteur", installé par Cofely, compte trois moteurs de 1,4MW chacun, destinés à fournir 470GWh pendant quinze ans.
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Le gaz est traité par déshydratation: ceci pour éliminer le risque de condensation, mais aussi pour piéger une partie des polluants tels le sulfure d’hydrogène ou les siloxanes. L’installation de traitement comprime par ailleurs le gaz pour l’amener à la pression de fonctionnement des moteurs (130mbar).
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Cette production revendue à EDF représente l’alimentation en électricité de 12000 logements. Sur les quinze années d’exploitation, l’installation évite le rejet dans l’atmosphère de 39000 tonnes de CO2.
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Par ailleurs, la Communauté du Pays d’Aix et Cofely étudient les possibilités de cogénération pour améliorer le bilan énergétique total en récupérant la chaleur issue des moteurs. Deuxième installation du genre sur le territoire national, elle est la première de cette importance à être d’envergure publique.
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Quelques données concernant le traitement des déchets en CPA
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Pour terminer cette étude, je vais me contenter de vous donner quelques chiffres concernant le traitement des déchets sur le territoire de la Communauté d’Agglomération du Pays d’Aix.

Vitrolles : 13316 tonnes d’ordures ramassés annuellement, soit 353 kgs par habitants et par an. La CPA, annuellement, traite 113796 tonnes de déchets, soit 356 kgs par habitant et par an.
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Première constatation, Vitrolles représente 11.70 % des déchets traités par la CPA tout en se situant dans la moyenne de production de ces concitoyens.
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Deuxième constatation, 133797 tonnes de déchets ont été enfoui dans le centre de stockage des déchets ultimes de l’Arbois où travaillent dix personnes.
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Et pour ceux qui se posent la question de savoir où les matières triées sont traitées :
1/ Les emballages collectés en porte-à-porte et les emballages en points d’apport volontaire vont vers le centre de tri Bronzo d’Aubagne.
2/ Les journaux collectés en points d’apport volontaire sont acheminés vers le centre de tri Sita des Pennes- Mirabeau.
3/ Le verre collecté en points d’apport volontaire est envoyé vers le centre de tri Véolia à Vitrolles.
4/ Les journaux et le verre collectés en porte-à-porte sont acheminés vers le centre Silim à Marignane

Enfin, pour être tout à fait complet, il faut savoir que la collecte et le traitement des déchets ménagers coute 113,30 euros par habitant en 2009. Le budget de collecte et de traitement des déchets s’élève à 41,5 millions d’euros (investissement et fonctionnement). Ce service est financé à la fois par la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM), le budget général, les recettes de valorisation et le complément des transferts de charges imputées aux communes. La Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) couvre 80 % des dépenses.
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Pour le reste, c’est une autre histoire !
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