vendredi 12 novembre 2010

Une sécurité mal sécurisée

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Vendredi 12 novembre 2010 :
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La suite de mon travail sur Vitrolles avec aujourd’hui au programme une problématique des plus brulantes, surtout pour Vitrolles, qui touche tous les citoyens vitrollais. Si vous voulez lire les autres sujets abordés, je vous propose de cliquer sur le lien suivant : « réflexions subjectives sur Vitrolles ».
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Continuons l’étude de Vitrolles avec cette fois-ci un sujet qui va forcement faire réagir. J’ai pourtant attendu que les militants du Front National et des les altermondialistes soient occupés ailleurs pour le publier mais je sais que cette étude va faire grincer beaucoup de dents. Donc, attaquons nous aux problèmes (le pluriel est volontaire) de la sécurité sur le territoire de notre commune. Il va être difficile de casser les clivages idéologiques des uns et des autres mais pourtant je vous demande de les laisser aux vestiaires et d’être le plus objectif possible.
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L’obligation régalienne de la sécurité

Il y a quelques semaines de cela, un ministre de la République a jeté un pavé dans la mare de la sécurité avec une idée, abandonnée depuis, mais que ‘j’avais qualifié d’iconoclaste. Christian Estrosi proposait de punir les maires ne répondant pas à « leurs obligations de sécurité » par des amendes financières.
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Je ne vais pas polémiquer sur le fait de la « double peine » que serait sensée subir les populations de ces communes. Outre le fait qu’elles auraient à subir, suivant les critères Estrosien le désagrément d’une insécurité galopante, il parait évident (mais cela semble avoir échappé au ministre) que les amendes distribuées seraient payées par la commune, donc sur des fonds publics levés par le biais des impôts locaux et payés par ces populations vivant dans l’insécurité. Le principe de la double peine donc.
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Au-delà de cette vue de l’esprit, il faudrait exactement définir « les obligations de sécurité ». Prenons un simple exemple : Christian Estrosi pointe du doigt Martine Aubry sous prétexte qu’elle refuse les caméras de surveillance. Or, outre le fait de déterminer si des caméras sont « une obligation de sécurité », parle-t-on de vidéosurveillance ou de vidéo protection ?

L’Association des Maires de France, que l’on ne peut vraiment pas taxer d’association gauchiste, a remis les pendules à l’heure et une phrase vient complètement non seulement étayer mon propos mais aussi renforcer mes idées sur le rôle de chacun dans un France plus sûre : «Il faut que les municipalités assurent la prévention, et l'Etat la protection. (…) Les maires font ce qu'ils peuvent, qu'ils soient de droite ou de gauche.»
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Le paradoxe dans cette affaire, c’est que tous les élus locaux ont désormais conscience de l’enjeu sécuritaire et que tous sont dans l’action. Mais là où le bas blesse, c’est que reprocher aux élus comme le fait Christian Estrosi de ne pas répondre à leurs obligations de sécurité, c’est faire fi du deuxième pilier régalien de l’Etat qui est d’«assurer la sécurité intérieure et le maintien de l'ordre public ».
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Pire, cette proposition renforce un peu plus l’idée que ce gouvernement et son président sont en train de s’engager sur la voie chaque jour plus affirmée de destruction de la République.
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Je pourrais terminer cette introduction volontairement polémiste par une simple question : Christian Estrosi serait-il allé jusqu’à préconiser des sanctions financières à l’encontre de l'Etat pour qu’il réponde à sa mission régalienne ?
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Quelques généralités sur l’évolution de la police en France

En France, la sécurité intérieure est principalement assurée par la police nationale et la gendarmerie. À ces deux corps, il convient d'ajouter la police municipale et les officines de sécurité privée dont certaines sont assermentées par les procureurs de la République pour un certain type de missions. Toutefois, ce dernier aspect de la sécurité ne rentre pas dans le cadre de ce que l’on appelle « la force publique » en charge de la sécurité de la République.
Les missions dévolues à ces organismes de force publique sont, malgré leurs différences, plus ou moins les mêmes et ont été confirmé par la loi du 29 août 2002, dite « loi Sarkozy I »

Une définition des missions peut être résumée en une phrase, tirée de l’article 1 du code de déontologie de la Police nationale : « La police nationale concourt, sur l'ensemble du territoire, à la garantie des libertés et à la défense des institutions de la République, au maintien de la paix et de l'ordre public et à la protection des personnes et des biens. »

Par la suite, les missions de la police nationale ont été définies de façon limitative par la loi 21 janvier 1995. Son article 4 les énumère ainsi :
Lutte contre les violences urbaines, la petite délinquance et l’insécurité routière,
Contrôle de l’immigration régulière et la lutte contre l’emploi des clandestins
Lutte contre la drogue, la criminalité organisée et la grande délinquance économique et financière,
Protection du pays contre le terrorisme et les atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation,
Maintien de l’ordre public

Réflexions personnelles sur La police de proximité
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Dès son arrivée au ministère de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de combattre la police de proximité. Pour lui, la priorité doit être donnée aux missions d’investigation et de répression et le discours de Toulouse en 2003 où il fustige les policiers jouant aux « travailleurs sociaux » marquent le glas de cette police si particulière. Toutefois, ne lui jetons pas la pierre car les derniers mois de la cohabitions ont été marqué par le désengagement de l’Etat dans cette mesure.
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Mais cette police, mesure phare de la gauche, a toujours été freinée par la plupart des responsables policiers qui ne se retrouvaient pas dans ce rôle de « nounou » des quartiers. De surcroit, les différentes politiques de police de proximité (y compris ce qu’à un moment on a appelé « Ilotage » se sont révélées couteuses et peu convaincante vis-à-vis de la population. Les élections municipales de 2001 et présidentielles de 2002 qui se sont toutes les deux joués sur le tableau de l’insécurité ont confirmé les opposants à cette police dans leurs idées et les électeurs dans le constat de l’inefficacité d’une telle mesure. Pire, pour les médias, le raccourci était tentant et fut pris plusieurs fois : la hausse de la délinquance démontrait l’échec de cette politique.
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Or, en y regardant de plus près, on peut constater que non seulement la police de proximité a rencontré en plusieurs lieux sensibles un succès certains mais que dans d’autre, son échec était programmé avant même son implantation par le manque d’ambition financière et la réticence des milieux sécuritaires locaux.
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Car une des raisons principales de cet échec fut la réticence même des milieux policiers. En effet, la tradition française veut que la police soit fortement hiérarchisée et qu’elle applique les directives de la Place Beauvau sans réellement les contester. Dans ce contexte, en cas de problème, la police peut se décharger vers l’échelon supérieur et se contenter « d’obéir aux ordres »
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Dans le cas de la police de proximité, c’est un changement total de mentalité puisque nous sommes sur une dynamique de résolution des problèmes et de réponse à l’inquiétude la population. Ouvert aux demandes du public, le policier attaché à un territoire donné doit résoudre les questions soumises par les citoyens, qu’elles relèvent de la délinquance pure ou de la simple inquiétude. Ainsi, au lieu de recevoir des ordres de sa hiérarchie, le policier se retrouve dans un schéma où ils doivent rendre des comptes personnellement à des citoyens. Situation ô combien inconfortable et que beaucoup de policiers récusent. Ce modèle est donc beaucoup plus contraignant en termes de terrain et suscite beaucoup de réticence de la part de la hiérarchie réduite à un rôle d’appui et à un rôle d’validateur plutôt que d’encadrement.

La police de proximité (ou même l’ilotage) amène immanquablement à se poser la question du rôle social de cet organisme. En effet, quand ils sont à l’écoute des populations, les policiers sont souvent entrainés dans des attitudes beaucoup plus compréhensives des situations et être souvent en désaccord avec les ordres de protection données. Un début de schizophrénie pour ces pauvres policiers.

Il y a donc antinomie entre la police d’ordre, au service de l’Etat, et la police de sécurité, au service du citoyen. Les dirigeants ont, de tout temps, oscillé entre ces deux principes, bien que le premier soit le plus favorisé par tous. Il s’agit de protéger les bâtiments publics, les déplacements des personnalités, encadrer les manifestations, les rencontres sportives, au détriment de la sécurité des citoyens qui devient une variable d’ajustement.
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Le refus de cette police ne peut donc être considéré comme le fruit d’un processus strictement rationnel de mise en place d’une police plus efficace mais comme la résultante aussi bien d’une idéologie que de pratiques sclérosées.
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Réflexions personnelles sur la politique du chiffre

A cette réorientation des forces de police se rajoute l’idée de « faire du chiffre » pour aboutir à des objectifs purement statistiques. Depuis quelques années, une véritable « culture du résultat » motive désormais nos policiers.
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Or, cette nouvelle culture, entraine des effets pervers dans le système.
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Plutôt que de perdre beaucoup de temps avec des affaires où l’on a peu de chance de trouver les auteurs, mieux vaut s’investir dans des affaires où l’on est sûr de les interpeller et de les confondre. C’est ainsi que le nombre d’arrestation des petits dealers/fumeurs de joints de quartier a subit une hausse exponentielle, d’autant plus exponentielle que libéré quelques semaines plus tard, dans le pire des cas, les policiers les arrêtaient aussitôt au bas de leur cage d’escalier. Le taux d’élucidation des affaires a ainsi subi une amélioration non négligeable.
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Autre effet pervers, l’augmentation du nombre des mains courantes en fin de mois au détriment du nombre de plaintes. Les mains courantes n’étant pas recensées dans les statistiques, certaines zone de police ont eu tendance à orienter les plaignants vers les mains courantes plutôt que les plaintes, surtout si leurs statistiques n’étaient pas aussi bonnes que cela.
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Autre manière d’améliorer les taux d’élucidation des faits délictueux : intensifier des contrôles et verbalisation plus intensives des infractions découvertes lors des dits contrôles. Il est aussi amusant (ou inquiétant) de constater l’augmentation du nombre des contrôles dans certaines circonscriptions de sécurité durant la deuxième quinzaine du mois, généralement lié à l’augmentation des mains courantes …
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Enfin, non pas le dernier effet pervers mais certainement le plus contestable, car mettant en cause d’autres juridictions. Alors que le nombre de prévenus présenté à la justice va croissant d’année en année, celle-ci se met peu à peu à moins suivre les policiers. Aucun problème pour les vrais trafiquants de drogue ou les personnes accusées de vols avec violence, qui sont systématiquement incarcérés par contre, pour toutes les autres catégories dite « de petites criminalités », les juges sont de plus en plus circonspects.
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C’est la soudaine apparition de ce clivage qui va accentuer les critiques des policiers et de l’opinion publique sur « le laxisme des juges ». Pourtant, je suis pour ma part profondément convaincu que, loin du laxisme, une autre explication peut-être donnée, explication en lien direct avec la nouvelle manière de travail de la police. La culture du résultat entraine une forte augmentation de la répression policière qui elle ne présume en rien de la gravité ni des faits incriminées ni de la solidité des dossiers présentés.
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En terme plus clair, les policiers trainent devant les tribunaux des délinquants pour des faits en réalité de faible gravité et/ou avec des dossiers bâclés. Pour preuve, ce rapport datant de 2007 du Ministère de la Justice pointant du doigt la dégradation des dossiers présentés par les forces de police et le nombre de libération qui en découlait.
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Etat des lieux

Etudions maintenant le cas Vitrollais et commençons donc par faire un état des lieux aussi précis que possible et si possible sans aucun parti pris. Je sais que cela va être difficile mais tentons le quand même.
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Les chiffres publiés il y a quelques mois par le Ministère de l’Intérieur, permettent de dresser quelques constats :
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L’évolution du taux de la criminalité et du classement de la circonscription de Vitrolles au cours des années passées dans les circonscriptions de catégorie 3 (de 50000 à 100000 habitants) permet de constater que la criminalité est sensée baisser de manière drastique. Toutefois, son classement au sein de ce même rang permet aussi de constater que la criminalité baisse de partout puisque son rang ne bouge pas (sixième de la catégorie)
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De même, la circonscription de Vitrolles se classe au deuxième rang des villes les plus violentes du département, toute catégorie confondue.
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L’évolution du taux de criminalité de Vitrolles de 2004 à 2009 :

Les taux de criminalité des villes des Bouches-du-Rhône :


Le classement des villes de catégorie III :



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Que disent les chiffres ?
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Les nombres des délits constatés au sein de la circonscription de sécurité de Vitrolles/Les Pennes-Mirabeau sont en baisse constante depuis 2004 (6476 délits en 2004, 5738 en 2009). Cette année, la chute du taux des délits est encore plus spectaculaire avec la modification de l’assiette de population suite au recensement de 2008 (116 pour mille habitants en 2004, 99,93 en 2009, soit une baisse de 13,85 %)
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Comment se fait il à ce moment là que le sentiment d’insécurité, loin de faiblir, non seulement se maintient mais en plus à tendance à augmenter ?
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Tout simplement par la nature même des délits se perpétrant sur le territoire de notre commune.
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Les vols avec violence sans armes à feu ont augmenté de 34,27 % (248 en 2004, 333 en 2009) mais ont quand même baissé par rapport à l’année dernière (355 en 2008), les cambriolages ont aussi été victime de l’inflation avec un taux de progression de 42,68 % (560, 2004, 799 en 2009). Pire, si l’on affine les résultats, on s’aperçoit que les cambrioleurs délaissent les magasins ou les sites industriels pour favoriser les habitations. En effet, on constate une baisse de 17,24 % sur la première catégorie mais une hausse de 123,14 % sur la deuxième (229 cambriolages d’habitations principale en 2004, 511 en 2009) En affinant aux 14868 foyers que comptent Vitrolles, on peut donc dire que 3,43 % des foyers vitrollais ont été victime de cambriolage en 2009 !
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Par contre, les faux employés du gaz, de la poste ou autre moyen de pénétrer par ruse dans les appartements, ont visiblement décidé que Vitrolles n’était pas le meilleur terrain pour leurs exploits puisque ce type de vol à chuté de 79,17 % entre 2004 et 2009.
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Les vols d’automobiles ou de motos sont en chute libre (- 29 % pour les premiers, - 14 % pour les secondes) par contre les vols d’accessoires autos, eux, augmentent de plus de 55 % (368 en 2004, 571 en 2009). Traduction : attention à vos pneus, banquettes arrières, rétroviseurs extérieurs et balais d’essuie-glace)
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Les coups et blessures diverses ont elle aussi augmenté (+ 1,66 % sur les bagarres pures, + 14,52 % sur les atteintes volontaires contre les personnes). Les populations sont devenues violentes et n’hésitent plus à taper pour se faire entendre !
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Autres signes des temps, l’augmentation de l’usage frauduleux des cartes bancaires et la diminution sensationnelle de l’utilisation de chéquiers volés (+ 3,23 % pour les premières, - 44 % pour les secondes). Par contre, les plaintes pour des actes de grivèleries avec des chèques sans provision est en augmentation même si le nombre (9) n’est pas significatif.

Dans le cadre des phénomènes de sociétés, les jeunes ne sont pas épargnés. Les chantages ou les menaces ont augmentés de 6,67 %. Les rackets sont désormais à la mode (112 en 2009). La consommation de stupéfiant (154 cas) a quasiment retrouvé son niveau de 2004 après une baisse spectaculaire en 2006 et 2007 (56 pour cette dernière année). Changement de tactique des policiers ou de mentalité des jeunes, la question est posée.

Puisqu’on parle des jeunes, l’un des fléaux qui leur est attribué, c’est l’incendie des voitures. Or, grande surprise, les cas qui ont défrayé la rubrique fait divers de La Provence ne sont pas des cas isolé mais une tendance générale : 27 véhicules en 2004, 77 en 2009. Quand aux dégradations et destructions volontaires de biens privées, c’est le ressac total : 586 cas déclarés en 2004, 196 en 2009.

Quand aux problèmes liés aux divorces, le non versement des plaintes pour non versement de la pension alimentaire fait un bond de plus de 86 % (15 en 2004, 28 en 2009).Puisque non parlons de la famille et des enfants, la non présentation d’enfant est en chute libre (- 52 %) par contre les violences familiales sont en légère augmentation (+3,03 %)
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Par contre, les voleurs à la tire, sans aucune violence, sont en nette diminution, plus de la moitié en moins par rapport à 2004.
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Une bonne nouvelle au milieu d’un océan de mauvaise ?
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De mauvaises nouvelles en effets parce que l’augmentation de ce type de délit (cambriolage, vols avec violence, vols d’accessoire automobile, incendie de poubelles) est des délits qui marquent les gens, ceux qui font naitre, attisent et perpétuent le sentiment d’insécurité d’une population ?
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C’est désormais sur ce terrain là que la politique sécuritaire doit porter et qu’une municipalité a un jeu non négligeable à jouer.
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Contrat Local de Sécurité
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Depuis mars 2006, Vitrolles s’est dotée d’un Contrat Local de Sécurité qui l’engage dans un programmes d’actions concrètes réunissant la Mairie de Vitrolles, l’Etat, le Conseil Régional, le Ministère de la Justice et l’Education Nationale.
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Trois axes composent ce contrat :
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Le premier axe du CLS concerne la tranquillité publique. Plusieurs actions sont ainsi déclinées: création d’un dispositif de médiation sociale, redéploiement de la Police Municipale en Police de Proximité, constitution d’un groupe d’experts «prévention situationnelle» ou encore développement des actions de sécurité routière. La mise en œuvre du CLS permet également de renégocier la convention de coordination entre la Police Nationale et la Police Municipale.
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Le deuxième volet vise au développement d’actions de prévention relatives aux chantiers éducatifs et d’utilité sociale, aux actions de médiation familiale et au soutien à l’exercice de l’autorité parentale.
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Enfin, le troisième axe du CLS porte sur le développement de la «politique judiciaire de la ville». Vitrolles souhaite tout d’abord renforcer l’accueil et l’aide apportés aux victimes, grâce à différentes mesures: progression du nombre de permanences dans des lieux stratégiques et formation des acteurs de terrain.
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L’objectif de ce contrat est donc de développer le sentiment sécuritaire dans notre ville.
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Quelle Police nationale sur Vitrolles ?
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Concernant la police nationale, la sécurité à Vitrolles, c’est une pyramide de juridiction, toute complémentaire, mais qui peuvent de temps en temps s’affronter.
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Au sommet de cette pyramide, le préfet de police, actuellement Philippe Klayman. Le département des Bouches-du-Rhône est divisé en districts de Police eux même divisés en circonscriptions de sécurité.
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Vitrolles fait donc parti du district de Martigues regroupant les cinq circonscriptions de Martigues, Istres, Vitrolles, Marignane et Port-Saint-Louis. Depuis le 5 juillet dernier, le commissaire-principal Bernard Grisetti dirige ce district qui comprend au total 550 fonctionnaires de police.
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La circonscription de Vitrolles qui regroupe aussi la commune voisine des Pennes-Mirabeau et qui englobe une partie de Plan-de-Campagne et de la zone aéroportuaire de Marignane, est dirigée par la commissaire El Bekkai. Cette circonscription compte au total 140 policiers mais seulement « Une cinquantaine, maximum soixante » à la fois a reconnu la commissaire lors d’une réunion publique en mai 2009.
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Il y a six à sept patrouilles en journée et trois ou quatre la nuit qui est déployées en fonction des actes délictueux recensés la veille. Fréquemment, des renforts proviennent de la ville voisine de Marseille.
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Une police municipale de proximité
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La police municipale sur Vitrolles a toujours été un sujet des plus sensibles. L’extrême-droite en a fait son cheval de bataille lors des municipales de 1997 et elle est devenue un enjeu des plus trouble. A cette époque, les effectifs de cette police spécifique dépassaient les quatre vingt membres. Désormais, ils sont de 54 personnes dirigé par Patrick Janvier et logés dans des locaux à proximité immédiate de la Mairie où l’on trouve aussi le centre de contrôle du système de vidéosurveillance.
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Les agents surveillent quotidiennement, 24 heures sur 24, les espaces publics afin d'y assurer la sécurité, le bon ordre, la salubrité, la sûreté et la tranquillité publique. Cette mission est notamment assurée par des patrouilles régulières (à pied, en VTT ou véhiculées), par une présence soutenue aux abords des établissements scolaires ou encore par la surveillance des foires et marchés et de la circulation routière. Outre ces missions, la police municipale est chargée de la fourrière automobile, la fourrière canine et le traitement des bruits de voisinage.
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Parmi les missions plus particulièrement dévolues à cet organisme, on peut trouver :
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1/ L’O.T.V. (Opération Tranquillité Vacance). Les policiers municipaux veillent aux habitations délaissés par leurs propriétaires ou locataires lors des vacances en faisant des rondes quotidiennes. Seule obligation : signaler ses dates de départ et de retour.
2/ La surveillance de la plage des Marettes de mi juin à début septembre,
3/ Les missions de sécurité routière
4/ La surveillance et la sécurité lors de la sortie des écoles
5/ La vidéosurveillance
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Des missions de base mais qui permettent de sensibiliser et rassurer la population dont on a vu dans les chapitres précédents combien elle en avait besoin.
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La vidéosurveillance en question

La vidéosurveillance devient dans tous les pays civilisé la panacée à l’insécurité. Prenant exemple sur l’Angleterre, la France se couvre de caméra. Bien entendu, Vitrolles ne déroge pas à la règle et un réseau y a été d’être installé.
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Pour clore immédiatement toute polémique, je rappelle que la première initiative en vidéosurveillance sur Vitrolles ne provient pas de l’équipe Mégret mais bel et bien de la municipalité qui l’a précédé, en l’occurrence celle du maire socialiste Jean-Jacques Anglade.
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Ce système, justement, a été mis à mal sous l’époque Mégret par manque de moyen et d’entretien avant de tomber totalement dans l’oubli sous le premier mandat Obino qui redécouvre à l’aube de son second mandat les bienfaits de cette vidéosurveillance.
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Mais va-t’elle être réellement efficace ? Fallait-il investir un million d’euros pour un maillage de 34 caméras ? Quels moyens va-t-on se donner pour que cette surveillance devienne efficace ?
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Autant de question sans réponse pour l’instant pour notre ville. Mais on peut par contre se pencher sur l’exemple britannique.
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Notre « ennemi ancestral » est certainement le pays le plus surveillé au monde. Une politique de vidéosurveillance de grande ampleur a été entreprise dès le début des années 1990. Aujourd'hui, les caméras au Royaume-Uni couvrent la plupart des centres-villes, et de nombreuses gares et parkings. Les experts se battent sur le nombre de caméra, avançant des chiffres de grandes envergures, de l’ordre de 65000 à 500000, rien que pour Londres (on appréciera la fourchette digne d’une manifestation syndicale en France) et plus de 4 millions pour l’ensemble du Royaume-Uni. Scotland Yard avance lui le chiffre d’une caméra pour quatorze citoyens !
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Alors quel bilan de cette surveillance à la « Big Brother » ? (ou à la « Loft Story » suivant ce que l’on aime !)
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En Grande Bretagne, les services de police avoue d’emblée que la multiplication des caméras, très coûteuse, s'est heurté au manque de personnel pour analyser ce flot d’informations.
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Dès 2005, le gouvernement britannique avouait son impuissance à évaluer concrètement les premiers résultats. Scotland Yard, en 2008, était moins prudent et reconnaissait lors de la Security Document World Conference (22-23 avril 2008, Londres), l’inefficacité de cette politique, la qualifiant de « utter fiasco » (échec complet). Les policiers britanniques avançaient même le pourcentage de 3 % lorsqu’ils parlaient des délits résolus grâce aux caméras de surveillance. Les spécialistes anglo-saxons en sécurité de leurs côtés, continuent de pointer du doigt les carences matérielles des caméras, l’incapacité de la police à gérer un tel flux d’images et surtout la capacité d’adaptation des voyous et criminels.
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Pour ces spécialistes y compris ceux de Scotland Yard, la vidéosurveillance ne réduit pas la criminalité, mais la déplace vers des zones non surveillées. Un de ces spécialistes pousse même la provocation en déclarant que « les 500 millions de Livres sterling dépensées en dix ans pour développer et réparer le réseau de caméras de surveillance seraient plus efficaces, plus rentables s'ils servaient à payer des officiers de police patrouillant les rues ». En terme plus clair, vive la police de proximité dont la France semble depuis quelques mois se rappeler les bienfaits.
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Les USA, lors de la même conférence, ont tiré à peu près les mêmes conclusions que les experts britanniques, exhibant les conclusions d’un rapport du Ministère de la Justice confirmant que les systèmes de vidéosurveillance ont peu d'influence sur la criminalité américaine. Ils déplacent simplement le problème.
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Mais tous pointent du doigt une grave erreur commise par les politiques et l’opinion publique: le système de vidéosurveillance est prévu pour prévenir les incidents et non pour être massivement utilisé dans les enquêtes et prendre sur le fait un quelconque malfaiteur.
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Sur cette assertion, je rejoins pleinement les experts anglo-saxons. Il ne faut pas confondre vidéosurveillance et vidéo protection. Et la vidéosurveillance ne peut être efficace qu’avec une équipe derrière les caméras et une bonne liaison sur le terrain avec les équipes de la Police Municipale pour les infractions urbaines et de la Police Nationale pour les délits. Encore une fois, la police de proximité, dument en contact avec le PC de surveillance, doit être développée
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La vidéosurveillance ne pourra être réellement efficace que si une réelle politique d’exploitation des données est faite.

La vidéosurveillance sur Vitrolles

Trente quatre caméras ont été installées à des endroits publics sensibles et au niveau du réseau routier depuis novembre 2008 aux quatre coins de la ville, toutes pilotées depuis le centre de supervision situé dans les locaux de la police municipale qui fonctionne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. En journée, deux agents sont en permanence derrière les écrans de vision; le soir (à partir de 22h), un seul. Après constatation d'un fait, la PM peut choisir d'intervenir ou le signaler à la police nationale, celle-ci pouvant aussi demander des renseignements. Mais si elle veut jeter un coup d'œil aux films, dont la durée légale maximale d'archivage est de 14 jours, il lui faut une réquisition judiciaire. Cout de l’ensemble du dispositif : plus d'un million d'euros. Il remplace un premier dispositif lancé sous la municipalité Anglade et tombé en désuétude sous les Mégret.

A titre comparatif, Baudinard-sur-Verdon, petit village du Haut-Var, en a 12 pour 156 habitants, et Aix-en-Provence en possède 37 pour 142534 résidants.

Ces caméras, ultra sensible, permettent de lire sans problème les plaques d’immatriculation des voitures ou de déterminer si un jeune fume une cigarette ou un joint. Toutefois, tout n’est pas possible puisqu’il ne faut pas oublier que le champ de vision, est sévèrement réglementé: seul le domaine public est capté par les caméras; les éléments du domaine privé (maison, etc.) sont, eux, systématiquement "floutés".

La question se pose de l’efficacité de ce réseau. La réponse n’est pas aisée à apporter comme chaque fois que l’on aborde les réseaux vidéo. En effet, les critères amenant la délinquance sont tellement nombreux et volatiles que ce qui permet de juger dans une ville sera abscond dans une autre.

Au niveau de Vitrolles, on peut simplement dire que nous avons assisté à une baisse importante de la délinquance constatée dans les zones surveillées, cette dernière étant par la suite bien moins importante. Toutefois, c’est aussi dans les zones sous surveillance vidéo que les fiats les plus graves ont eu lieu. Pour mémoire, le passage à tabac de quatre contrôleurs du SMITEEB avenue du 8 mai, la bagarre entre bande aux Pierres-Plantées, le braquage du tabac du Vieux-village … le tout chaque fois sous le regard des caméras.

Pour la commissaire dirigeant le commissariat de Vitrolles, il est impossible d'isoler un facteur responsable de cette baisse, due à un ensemble de choses. Par contre, elle constate aussi que la mise en place des caméras n'a pas déplacé la délinquance sur d'autres quartiers, ceux du sud étant toujours en tête des délits.

Reste un atout non négligeable des réseaux vidéo qui, à mon avis, justifie amplement leurs installations : le nombre d'affaires directement résolues grâce à leur aide.

Si ces caméras n’interviennent pas bien souvent directement dans la résolution d’une affaire, elles permettent toutefois de mettre les forces de police sur la piste qui permettra aux affaires d’être résolue.

Ainsi police, gendarmerie et autres forces de sécurité consulte « beaucoup ». L'utilisation des films peut ainsi servir, par exemple, à vérifier le bien-fondé d'une plainte, à voir si un véhicule suspect est passé à tel ou tel endroit, à constater une infraction …

Ceci dit, vue l’emplacement de certaines de ses caméras sur Vitrolles, elles me semblent plutôt dévolu à la surveillance et aux infractions routières plus qu’à une réelle surveillance. De même, je suis sceptique sur les explications avancées lors de leurs installations pour juger de leur efficacité. A l’usage, pas d’exemple de prévention mais une utilisation a posteriori pour identifier les coupables et suivre le déroulement des faits.

La sécurité dans les collèges et les lycées
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A force de répéter à longueur d'année que les collèges et lycées sont devenus des zones de non droit, c’est désormais chose faite. La litanie des faits graves s’étant déroulés dans l’enceinte même des bâtiments d’éducation peut désormais s’apparenter à la litanie des saints une nuit de Pâques.
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Désormais, tout le monde, de l’élève au proviseur en passant par les professeurs, les parents d’élèves, les techniciens réclament à cors et à cris des surveillants voire des policiers pour intervenir en cas d'incident ;

Toutefois, la présence renforcée d'une surveillance ne peut être efficace que sur du court terme, elle ne résout pas les problèmes de fond ni l'incapacité d'une partie des enseignants à s'adapter à une société atteinte de métamorphose rapide. De même, l’enseignant est il là pour enseigner ou doit-il pallier à la fois les carences d’enfants qui n'ont ni points de repères ni envies et celle de parents qui s’en remettent à d’autres pour une partie de l’éducation qui devrait être de leur ressort ?
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Le constat est accablant : la plupart de nos collèges et nos lycées sont devenus des garderies où l'on vient plus attendre l’âge légal pour le quitter que chercher une formation et une instruction.
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Tout cela pour dire que notre système éducatif demande une révision totale et que, dans ce contexte, les collectivités territoriales, les conseils généraux, les conseils régionaux, peuvent y tenir un rôle important complémentaire au rôle inaliénable de l’Etat en matière d’éducation mais que celui-ci à tendance de plus en plus à oublier et à quantifier comme une simple donnée économique.
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Les derniers évènements survenus dans certains lycées ou collèges ne sont que la forme la plus visible et la plus exacerbée d'une violence inacceptable qui détériore le climat de travail à l'intérieur des établissements et gangrène notre société en détériorant le fonctionnement de notre éducation nationale.
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L'État, en charge de la sécurité aux abords et dans tous les établissements scolaires du pays, est le premier responsable de cette situation par sa politique de restriction des postes d'assistants d'éducation et de surveillants dans les établissements.
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Il est donc du devoir des collectivités territoriales de se substituer à un Etat une fois de plus défaillant et établir un contrat éducation avec les établissements sur leur territoire en vue de renforcer la surveillance autour et à l’intérieur de ces établissements où notre jeunesse est sensée étudier dans les meilleures conditions.
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Quelles perspectives ?
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Tout d’abord, abattons une idée reçue. L’insécurité n’est pas plus forte qu’avant. Pour cela deux raisons : l’époque que l’on prend en référence et le contexte. Ainsi, si l’on se base sur la presse et les statistiques à postériori de cette époque, l’année 1910 démontre un climat d’insécurité et de brutalité nettement plus important que de nos jours. Pour vous en rendre compte par vous-même, jeter un coup d’œil sur ma revue de presse estivale du vendredi ou sur la presse de l’époque via le site « Gallica ».
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Le contexte ensuite. Les chiffres (mais on peut leur faire dire n’importe quoi) démontrent une baisse globale de la délinquance mais une hausse de certaines indicateurs spécifiques principalement accès sur notre quotidien (cambriolages, incivilités, etc …)
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Avec ces deux constatations à l’esprit, il parait souhaitable que cette sécurité que je qualifierais « de voisinage » soit mieux encadré et plus efficace. L’abandon de la police de proximité, erreur majeure de ces dix dernières années, peut être compensé par la redéfinition des rôles de la police municipale sur Vitrolles. Le maire étant le premier officier de police judiciaire d’une ville, qu’il ne perde pas de vue ce rôle ingrat.
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Même s’il ne doit pas se substituer à la police nationale, il lui incombe, dans mon esprit, de pallier certaines carences de cette dernière. Et permettre aux unités sous ses ordres de ne point confondre l’intérêt personnel et l’intérêt de la collectivité, les zones de droit avec les zones de non droit (qui ne devrait pas exister, où que l’on soit en France), le service de jour et le service de nuit ! Le sentiment de sécurité ne doit pas être l’apanage de certains mais la constatation de l’ensemble.
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Mais la première délinquance à laquelle une municipalité est confronté, ce n’est pas le grand banditisme ni l’incivilité au quotidien, mais la délinquance des mineurs, cette délinquance qui commence désormais de plus en plus jeune, voire même dans les cours de récréation de nos écoles communales.
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Or, la réponse donnée par les institutions n’est pas adaptée. Pas adapté pour une simple raison : le temps d’attente entre la prise la main dans le sac et le jugement. Entre dix huit et vingt quatre mois pour des adolescents, cela équivaut à l’impunité. De même, les procédures dites de comparution immédiate, sont trop peu nombreuse pour être réellement efficace.
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De même, et je sais que pour beaucoup cette affirmation va être considérée comme iconoclaste, je ne pense pas que ces jeunes doivent être condamné à des peines de prisons fermes. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’incarcération pour la plupart de ces jeunes à valeur de consécration ! Il va être reconnu comme un leader par sa cité. Pire, il entre en prison comme un délinquant et il en ressort couvent comme un caïd.
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Cette absence de prison ne veut pas non plus dire absence de sanction. Il faut que ces sanctions soient autres. Je pense bien entendu aux fameux Travaux d’intérêt Général. Si on fait du tort à la collectivité, on travaille pour la collectivité pour réparer son tort.
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De même, cette augmentation de la délinquance juvénile à laquelle on assiste est très souvent la résultante d’une perte des valeurs familiales, d’une perte des repères fondamentaux de la vie en société.
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Il nous faut rétablir ces repères, ces valeurs. Et, là encore, une municipalité, chainon politique le plus proche des familles, a son travail d’accompagnement à faire. Les pistes pour cela sont encore à trouver mais on a besoin de réponses d’autorité pour que ces gamins retrouvent le sens des valeurs.
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Enfin, pour clore ce lourd chapitre, je voudrais reprendre un aspect que j’ai abordé par ailleurs lors de mon étude sur la rénovation des Pins. Concernant les émeutes urbaines qui avaient touchés tous les quartiers sensibles de France à l’exclusion des quartiers de Vitrolles, Marseille et plus généralement des grandes villes du sud, j’écrivais !
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En 2006 le premier ministre demande au Centre d’Analyse Stratégique un rapport pour essayer de comprendre les émeutes qui s’étaient déroulées à l’automne 2005 avec les funestes conséquences que l’on connaît. Le C.A.S. prit quelques villes emblématiques en exemple pour essayer de comprendre ce processus complexe dont Aulnay-Sous-Bois, l’une des villes à la pointe des émeutes. Ce rapport démontre de manière flagrante que les quartiers où les dégradations et les échauffourées ont été les plus importantes sont les quartiers où le tissu associatif social de proximité était le plus faible et où la ville d’Aulnay était le moins engagée dans sa politique de la ville. Pour être plus précis, ces émeutes ont touché plus durement les quartiers où les associations « nationales » opéraient (restos du cœur, secours populaire, SAMU social) et où les intervenants et présidents habitaient à l’extérieur, que les quartiers hébergeant des associations locales avec des présidents, des animateurs, des moniteurs, des bénévoles bien implantés dans les lieux et où le maillage était le plus fort.
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Et là, je rejoins mon propos développé lors de mon étude sur l’abandon de la police de proximité pour des raisons de politique sécuritaire. Les autorités françaises ayant abandonné cet aspect pourtant primordial des missions de l’Etat, il faut que cette police de proximité soit quand même en action, ne serait-ce que pour rassurer la population se sentant abandonnée et aux prises avec un sentiment d’insécurité croissant.
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La police municipale, dans le cadre de ses missions locales, peut et doit suppléer cette carence. Ce serait d’autant plus facile que, par définition, la police municipale connaît parfaitement sa population.
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A la police nationale le maintien de l’ordre, à la police municipale les missions de proximité.
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Mais, sur Vitrolles, cela fait désormais quelques années que nous sommes sur la voie du redressement. Continuons dans ce chemin.
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