jeudi 28 mai 2009

Après le Rosé, le Lait … ou Barnier « le destructeur »

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Jeudi 28 mai 2009 :
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Après Barnier, « le barbare » au rosé coupé, voilà Barnier « le destructeur » avec le lait.
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Comme vous l’avez probablement deviné en lisant mes posts précédant, le devenir du monde agricole me touche de près, une partie de ma famille possédant une exploitation agricole sur le plateau du Mezenc. Heureusement pour eux, les vaches qu’ils possèdent ne sont pas destinées à la production de lait mais à la boucherie et le lait produit sert à la fabrication d’un très bon fromage local. Pourquoi heureusement ? Parce que la crise que traverse la filière laitière ne les touche donc que de manière marginale.
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Pour la grande majorité des français, ceux qui vivent au cœur de l’urbain, le lait n’est qu’un pack en carton d’un litre qu’on attrape, mal réveillé, le matin, dans le frigo. Mais, pour tous ceux qui côtoient vraiment la campagne, c’est une source de revenu indispensable provenant de bêtes vivantes dont on s’occupe tous les jours.
0En période de surproduction, une usine mettra ses ouvriers en chômage technique pour revenir à un rythme normal. Allez mettre une vache en chômage technique ! Les coûts induit par une vache sont eux constants, quelque soit l’écoulement de sa production. Je dirais même qu’ils ont tendance à augmenter quand on constate les désidératas (justifiés au demeurant) des acheteurs de packs en grande surface : meilleure qualité, meilleure fraicheur, meilleure traçabilité (le grand mot actuel) et prix bien entendu plus bas.
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Mais tout ce là à un prix bien entendu et au final, c’est l’agriculteur qui en pâtit. Et quand les mille litres de lait sont achetés au producteur de 210 à 220 «euros comme actuellement, il faut bien prendre conscience que l’agriculteur se lève pour travailler … à perte ! De partout en France, c’est le même constat. Et si les éleveurs du Mezenc comme mon beau frère n’ont pas encore rejoint « les barricades », c’est tout simplement que la filière viande est moins touchée et que les plateaux du Mézenc font de la viande et peu de lait.
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Comment en est on arrivé là ? Plusieurs raisons ont plongé cette filière dans la situation où elle se trouve.
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Tout d’abord, la disparition annoncée pour 2015 des « quotas laitiers ». Pour mémoire, en 1984, l’Union Européenne a mis en place une politique dite des « quotas laitiers » ayant pour but la limitation et la stabilisation de la production laitière. Il est intéressant de se rappeler les manifestations des agriculteurs de l’époque contre cette politique et de les rapprocher des manifestations actuelles de ces mêmes agriculteurs pour cette politique. En 2003, l’Europe a préconisé la disparition de ces quotas et cette préconisation est devenue réalité le 20 novembre 2008 avec comme date butoir 2015.
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Ensuite une marge bénéficiaire que les intermédiaires ne veulent pas voir rogner au nom d’un profit toujours insuffisant et qui doit sans cesse être augmenté.
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Enfin, l’année dernière, au nom de la lutte contre l’entente, du respect de la concurrence et de la lutte pour le pouvoir d’achat, le Ministère des finances français a interdit la pratique consistant, pour les producteurs et les acheteurs, à recommander des « prix de référence ». Cet usage permettait de lisser les fluctuations et de donner aux éleveurs des perspectives de gestion plus stables. Tant que les cours mondiaux sont restés au plus haut, l’absence de ce mécanisme ne s’est pas fait sentir immédiatement. Avec la glissade actuelle, cela fait mal.
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Et pour terminer, il y a des prises de positions qu’il ne faut pas oublier. La crise du lait peut être comparée, dans le traitement médiatique du parti au pouvoir, au coupage du Rosé où l’UMP tente désespérément de faire croire que le gouvernement et eux-mêmes y sont pour rien, alors qu’ils ont eux-mêmes donnés le feu vert.
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Là encore, dans cette crise, c’est un gouvernement UMP qui a envisagé à la suppression progressive des quotas laitiers, c’est un ministre de l’agriculture français lors de la présidence « hyper active » de notre cher président le 20 novembre dernier qui a entériné définitivement cette suppression.
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Michel Barnier, avant de plonger les viticulteurs provençaux dans la « mouise », avait subrepticement lâché les agriculteurs et éleveurs, producteurs de lait.
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Probablement trop occupé par son rôle de « sauveur » de l’Europe et par ses incessants « coup médiatiques », Nicolas Sarkozy n’a pas vu qu’il « coulait » l’agriculture française !
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Soyons toutefois réaliste. Il existe encore une petite chance de sauver la filière « lait ». Elle passe, au niveau européen, par la mise en place de règles saines de gestion du marché, au niveau national que soit installée une véritable concertation de la filière pour fixer un prix qui tienne en compte tous les couts de production et enfin au niveau régional avec le soutien au producteurs laitiers pour leur faciliter l’accès au Fond Régional de Garantie et surtout que le gouvernement soutienne pleinement les démarches faites par les professionnels auprès des instances européennes.
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Mais il y a encore beaucoup de boulot.
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Merci Michel Barnier !
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