samedi 27 mars 2010

« La survie du MoDem se joue au centre »

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Samedi 27 mars 2010 :
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Jean-François Vigier, Conseiller national du Mouvement démocrate,
maire de Bures-sur-Yvette, tête de liste Essonne aux Elections régionales, et placé au centre-droit de l’échiquier, a publié hier dans la rubrique « Horizon » du monde une tribune concernant notre mouvement, tribune à laquelle, je dois avouer, je trouve très intéressante, très intéressante par son analyse de la situation dans laquelle nous nous trouvons, et très intéressante sur les pistes de réflexions proposées.
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Alors que ce même conseil national est réuni depuis ce matin à Paris pour tirer, du moins je l’espère, une première analyse de cette bérézina qu’a été le premier tour, je me permets de publier in-extenso la tribune de Jean-François Vigier,
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J'aime profondément le Mouvement Démocrate. Ancien UDF, centriste dans l'âme, je suis en famille lorsque je participe aux instances de notre parti, qu'elles soient départementales ou nationales.
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Je suis également persuadé que François Bayrou a l'étoffe d'un Homme d'Etat et qu'il peut remporter la prochaine élection présidentielle.
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Le résultat de dimanche dernier a eu pour beaucoup d'entre nous l'effet d'un coup de canon. Au demeurant, celui-ci n'est guère surprenant à l'issue d'une campagne au cours de laquelle nos concitoyens nous ont fait sentir à quel point le MoDem les avait déçus.
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Notre score est catastrophique. Pour autant, est-ce la fin du Mouvement Démocrate ? Chacun sait qu'en politique, rien n'est jamais acquis. Cela vaut pour les victoires comme pour les défaites, aussi humiliantes soient-elles.
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Nous pouvons encore réagir. Notre survie passe par une réflexion à tous les niveaux du parti. Celle-ci doit porter selon moi sur 3 points essentiels :
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1/ Une introspection sur la ligne politique du MoDem. Force est de reconnaitre que notre Mouvement est inaudible. D'abord parce que sa ligne politique est incompréhensible pour l'opinion.
.Si en 2007, le dogme du "ni droite ni gauche" a convaincu près de 20% des Français qu'un autre choix que les deux blocs Droite / Gauche est possible, cette ligne fondatrice a été battue en brèche depuis.
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D'abord par des allers-retours incessants vers la gauche en pariant sur l'incapacité de cette dernière à régler ses divisions internes. Pourtant, c'est bien sur le principe de la "3e voie" et de l'indépendance qu'a été lancée la campagne des régionales. Cela s'est traduit par des listes autonomes dans toutes les régions. Mais avec la consigne lancée durant la campagne d'une alliance nationale avec la gauche… Que peut comprendre l'électeur face à ces revirements successifs ?
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Cela fait plus de deux ans que nous n'avons pas entendu prononcer le mot "centre" dans les différentes réunions de notre mouvement toutes instances confondues. Comme si ce mot était devenu tabou.
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L'avenir immédiat du MoDem passe donc par une remise à plat de sa ligne politique. Cet éclaircissement est indispensable avant de songer à repartir en campagne électorale.
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2/ Une gouvernance mieux partagée et plus efficace Il est tenu pour acquis que les décisions sont concentrées entre les mains d'un (tout) petit groupe de dirigeants. On a pu reconnaitre à ce choix une utilité certaine lorsque notre parti a eu à gérer l'après 2007 et le traumatisme lié au départ des cadres.
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Ce départ justement qui a créé un vide entre l'exécutif du Mouvement et les militants. Dans le même temps et paradoxalement, les nouveaux statuts adoptés par le MoDem avec l'obsession du culte de l'exemplarité démocratique ont abouti dans la pratique à une dilution de la gouvernance, et à l'impossibilité de prendre des décisions.
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Il est urgent aujourd'hui d'associer aux décisions stratégiques davantage d'élus et de nouveaux cadres qui se sentent concernés par la vie de ce parti et qui ont une réelle expertise sur la stratégie et l'organisation. La position du Président n'en sera que renforcée par sa capacité à multiplier les débats et décider collégialement, même si au final, sa fonction doit lui permettre de trancher si c'est nécessaire.
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3/ Une organisation qui prenne en compte l'évolution du parti Le changement opéré en 2008 va bien au-delà d'une nouvelle dénomination. La création du MoDem a entrainé la fin du vieux "parti de cadres" qu'était l'UDF et sa transformation en "parti de masses", au sens que lui donne la science-politique s'entend. Reste à en faire un parti d'élus. Il est vrai que les forces militantes n'ont jamais été aussi nombreuses sur le terrain. Parallèlement, c'est comme si la plupart des fédérations départementales n'avaient pas su opérer ce changement et le prendre en compte, fonctionnant encore pour beaucoup d'entre elles sur les schémas du passé. Cela se ressent d'abord sur le travail de terrain puisque les militants sont la plupart du temps désoeuvrés, sans moyens et sans directives. Ce qui est encore aujourd'hui perçu comme de la frustration pourrait vite se transformer (défaites électorales aidant) en découragement, voir en renoncement.
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Il est donc urgent d'adapter nos récentes évolutions aux réalités du terrain pour remettre le MoDem en ordre de marche et lui permettre d'envisager une implantation locale durable.Le 14 mars est à marquer d'une pierre noire dans l'histoire récente du MoDem. Il est clair que le travail d'introspection ne doit pas être réservé à quelques uns. Il doit être l'occasion d'un débat interne sans retenue. Peut-être aboutira t-il à des choix stratégiques douloureux pour certains militants. Mais c'est maintenant qu'il faut trancher et définir une ligne politique claire pour les Français.
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Plus qu'en 2002 ou en 2007, nous sommes au pied du mur car nous venons de connaitre une déroute électorale, ce qui n'était pas le cas lors des deux dernières présidentielles.Le pire serait que telle l'autruche, nous nous mettions la tête dans le sable.Car nous risquerions de ne jamais la ressortir.
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Jean-François Vigier
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