jeudi 23 juillet 2009

La « grande muette » sur le banc des accusés

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Jeudi 23 juillet 2009 :
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Un vent du sud de 70/80 km/ h, un front de feu de huit kilomètres, mille deux cent hectares brulés, une maison détruite, quatre autres et une bergerie endommagées, quatre cent quatre vingt pompiers, cent soixante policiers, les territoriaux de Marseille réquisitionnés, plusieurs centaines de personnes évacuées …
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Ce n’est pas un inventaire à la Prévert mais le bilan provisoire de l’incendie qui ravage le plateau de Carpiagne et qui est descendu cette nuit sur les quartiers est de Marseille. Le pire feu depuis trois ans sur notre département.
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Et ce « gag » dramatique est la conséquence directe d’un tir d’entrainement à balles traçantes au sein du camp militaire situé sur le plateau. Grace au blog « Secret défense », on sait désormais que hier, une section du 1er Régiment étranger basé pour mémoire à Aubagne effectuait un exercice de tir au Famas (fusil d'assaut réglementaire) et que des balles traçantes ont été utilisées, contrairement à ce que prévoit les consignes en vigueur durant la saison de risque d'incendie dans les camps du sud de la France, du 1er mai au 1er novembre. Les balles traçantes sont équipées d'un dispositif pyrotechnique émettant de la lumière tout au long de la trajectoire - d'où les risques d'incendies comme pour les fumigènes, également interdits.
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Et pour une fois, la « Grande muette » ne l’est pas et dés ce matin prenait sa part de responsabilité en reconnaissant que « l'emploi de munitions traçantes a été utilisé en infraction formelle aux consignes qui ont été données. C'est une faute professionnelle grave, en violation complète des consignes. Le chef d'état-major vient, par mesure conservatoire, de relever le chef de section responsable - un adjudant - de son commandement ».
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En fait, elle tente, à son tour, de circonscrire l’incendie médiatique déclenché par le préfet de la Région Paca qui vilipende « l'imbécilité de ce geste », estimant que « les militaires devraient s'abstenir dans ce type de conditions » météorologiques. « Il est totalement inadmissible et scandaleux que les militaires continuent à exercer ces activités comme si de rien n'était en cette période ».
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Il est vrai que ce n’est pas la première fois que des militaires sont impliqués dans des départs de feu. Ainsi, l’année dernière, le plus grand feu de l’été avait démarré lors d’un exercice au sein du Camps de Canjuers.
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A l’heure où notre armée est engagée dans des opérations de sécurité dans les secteurs les plus chauds de la planète, subir un entrainement au plus près de la réalité du terrain est une chose normale. Mais, ne pas prendre les précautions élémentaires de sécurité parce qu’on est militaire est, par contre, anormal et correspond à un acte criminel.
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Et ce qui m’inquiète actuellement, c’est la multiplicité des actes faisant fi des procédures de sécurité où l’armée se trouve impliqué. Outre les deux incendies dont je viens de parler, on se rappelle ce militaire de Carcassonne tirant par erreur sur la foule, ou cet autre au Tchad qui a semé la terreur durant plusieurs jours.
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La question n’est pas de remettre en cause l’armée, quoique je déplore personnellement la disparition du service militaire comme vecteur de l’unité française, mais de pointer du doigt une hiérarchie qui a encore trop souvent le réflexe de se croire au dessus des lois.
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La « grande muette » doit faire sa mue du troisième millénaire et se rendre compte que les choses autour d’elle ont changé. Si l’on interdit les collines de la Gineste au public, si les messages qui ne cessent d’être martelé incitent à ne pas jeter de mégot parterre, ce n’est pas pour que des militaires, même en entrainement, utilisent des balles traçantes un jour de grand vent sur ce même terrain archi-sec.
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Etre militaire ne dispense pas d’appliquer les lois de la République, bien au contraire !
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