jeudi 16 juillet 2009

Retour sur le travail dominical

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Jeudi 16 juillet 2009 :
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Hier, les députés ont adopté par 282 voix contre 238 la proposition de loi qui permet d'ouvrir les magasins le dimanche dans les villes « touristiques ou thermales » et dans les grandes zones commerciales de Paris, Lille et Marseille.
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Cette nouvelle proposition de Richard Mallié se veut rassurante et plus équilibrée, et est en fait un compromis acquis de haute lutte par la majorité présidentielle pour satisfaire toutes les composantes qui la compose
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Mais, comme tous les compromis destiné à satisfaire un plus grand nombre, celui-ci ne satisfait personne, à commencer par ceux à qui cette loir est destiné. Il ne faut pas être grand visionnaire pour constater qu’elle renforce les inégalités existantes entre les différents travailleurs, qui désormais seront officiellement traité de manière différente s’ils sont en zone « touristique » ou pas. Un comble pour une République qui a mis les principes d’égalité en avant depuis deux cent vingt ans !
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Pour contourner la fronde qui a saisi ses députés, pour assouplir des sondages défavorables, pour satisfaire la volonté d’un président déconnecté des réalités, les rapporteurs ont trouvé la panacée, du moins le croit-il : rendre permanente les dérogations accordées aux « communes touristiques ou thermales » et assouplir la réglementation pour les autres en créant des Périmètres d’Usage de Consommation Exceptionnel, (PUCE), c'est-à-dire des mini zones pouvant ouvrir le dimanche. Quant aux villes de plus d'un million d'habitants, autrement dit Paris, Aix-Marseille et Lille, elles gagnent le jackpot avec des autorisations permanentes.
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Pour tenter de faire baisser la pression syndicale, cette loi tente de donner des garanties. Ainsi on peut lire : « seuls les salariés ayant explicitement donné leur accord à leur employeur peuvent travailler le dimanche », le refus de travailler le dimanche ne constituant toujours pas un motif de refus d’embauche
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Mais, quand on connaît la situation des emplois sur des zones comme Plan de Campagne ou, dans des villes touristiques pratiquant déjà l’ouverture dominicale comme à Bandol (vraiment au hasard pour ces deux exemples !), les demandes de travail sont telles que à part accepter d’emblée le travail dominical, le CV d’un postulant n’a aucune chance d’être retenu. Cette volonté du travail dominical devient même le critère principal d’embauche.
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Sincèrement, qui peut encore croire en la fable que face à la pression qu’exerce la montée dramatique du chômage, les salariés amenés à travailler le dimanche le fassent sur le principe du volontariat ?
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Mais le pire de cette loi vient de l’abandon de l’un des principaux piliers de notre République : celui de l’égalité. Suivant la zone dans laquelle il va se trouver, un salarié ayant accepté de travailler le dimanche va :
  • Soit n’avoirs strictement aucune compensation particulière ni en terme de rémunération supplémentaire, ni en repos compensateur car il travaille dans une communes déclarées « touristiques ou thermales où le travail du dimanche découle de facteur structurel ». Donc, dans ce cas là, pour les « forçats du travail », travailler le dimanche ou un autre jour de la semaine reviens au même.
  • Soit « bénéficier de contreparties prévues par la loi » car le travail du dimanche « revêt un caractère exceptionnel et est subordonné à une autorisation individuelle donnée par l’administration. » Donc, en terme plus clair, salaire bonifié et repos compensateur pour ces « privilégiés » !

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Cette inégalité qui se fait jour et qui est entériné par cette loi, est contraire aux principes fondateurs de notre République, écrit sur le fronton des mairies !
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Enfin, une telle loi, dans un contexte de crise économique majeure, ne peut qu'aboutir à des transferts d'achats mais en aucune manière à augmenter la consommation et à dynamiser l'économie car, quoiqu’il arrive, le volume global des achats restera le même, le portefeuille des français n’étant pas élastique. Par exemple, si le besoin d’acheter une machine à laver est réel, l’achat se fera quoiqu’il arrive, que ce soit un jour de semaine ou un dimanche.
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L’expérience de nos voisins et les études effectuées dans notre pays démontrent clairement que les plus grands bénéficiaires de ce type de dérogation sont les grandes surfaces des zones périphériques des métropoles et les grands groupes de distribution au détriment du petit commerce de proximité. De surcroit, ces grands enseignes emploient moins de salariés, favorisent le travail précaire, le temps partiels et les horaires déments et encore, j’omets de parler des caisses automatiques !
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Dernier point mais non des moindres : la perversité du classement en zone touristique des communes. Ceci sous-tend à terme que les Municipalités auront à se prononcer sur le classement touristique de leur ville. Mais s’il devient un jour nécessaire de se prononcer en ce sens pour une quelconque autre raison, l’autorisation de travail le dimanche s’en trouvera entérinée de fait dans ladite ville !
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Ne nous voilons pas face ; Nous sommes encore une fois de plus face soit à une volonté délibérée de satisfaire quelques personnes au détriment du plus grands nombres.
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Triste !
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