jeudi 9 juillet 2009

Parmesan et grosses magouilles

.
Vendredi 10 juillet 2009 :
.
Au plus fort de la « Guerre d'Ethiopie », la France et l'Angleterre décrètent des sanctions contre l'Italie. La conséquence directe est l'interdiction d'importation dans l'hexagone des produits d'origine italienne. Les prix s'envolent alors à une vitesse faramineuse et la très importante communauté italienne de Marseille vient alors à manquer de parmesan.
.
Paul Carbone et François Spirito, les deux patrons de la pègre marseillaise de l’entre deux guerres, immortalisés par le film « Borsalino » avec Delon et Belmondo, entrent alors en scène. Pour un prix dérisoire, ils achètent une vieille tartane, le « Saint-Louis ». C'est un oncle de Carbone, Rustici, inscrit maritime et pécheur de Porto-Pollo qui en prend le commandement.
.
Le navire se rend alors à Gênes où il embarque 34 tonnes de parmesan à destination officielle de Barcelone. Le fret est payé cash et le manifeste du navire établi dans les règles. Le bruit court que c'est un ancien de Buenos-Aires, Mémé Gilberti, plus connu sous le surnom de Fantou, qui finance le plus gros de l'opération.
.
Le "Saint-Louis" met alors le cap sur Barcelone en longeant la côte française. C'est un navire de cabotage, il ne faut pas l'oublier. Mais, au large de Porquerolles, une voie d'eau se déclare à bord, dûment constatée sur le livre de bord.
.
Rustici met alors le cap sur la côte pour sauver son chargement et accoste à la Tour Fondue. Les meules de fromage sont alors chargées à bord de camions dûment loués dans la région (deux camions et deux voitures). Malheureusement la Douane intervient au cour de l'opération de transfert et saisit la cargaison.
.
Quelques jours plus tard, le parmesan est vendu aux enchères. Carbone et Spirito dissuadent les éventuels acheteurs à intervenir. La bande, par personne interposé, se rend acquéreur du chargement, déjà payé à Gênes, au prix de 12 francs le kilo.
.
Par ce simple stratagème, malgré l'interdiction des autorités françaises, une importante cargaison de fromage italien pénètre en France en toute légalité. Le bénéfice de la vente pour Carbone et Spirito demeure très important.
.
Carbone et Spirito écoperont d'une amende de cinquante francs et de trois mois de prison avec sursis, pour avoir participé, à la Tour Fondue, au débarquement du fromage interdit. Ces sanctions seront les seules qui figureront au casier judiciaire des deux hommes.
.
Toutefois, une version plus confidentielle est véhiculée par le milieu marseillais. Carbone et Spirito avaient en fait l'intention de débarquer le fromage à la Tour Fondue avec la complicité d'un douanier complaisant. A la suite d'une indiscrétion, le douanier aurait été déplacé et les Douanes prévenus. Les bénéfices de l'opération auraient alors été beaucoup plus importants.
.
.

Aucun commentaire: