vendredi 24 juillet 2009

L’affaire sanglante de Saint Barnabé

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Vendredi 24 juillet 2009 :
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Continuons à nous plonger dans les faits divers marseillais de l'entre deux-guerre avec, aujourd'hui, le premier volet du braquage de Saint Barnabé.
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En ce mercredi 20 avril 1932, la quiétude du quartier de Saint Barnabé, dans la banlieue marseillaise, n’aurait pas été troublée si deux groupes de personnes n’avaient pas décidé d’y converger au même moment. Ce jour là, le petit bureau de poste de cette paisible bourgade allait entrer avec les honneurs dans la longue rubrique des faits divers, passionnant à la fois le quartier, la ville de Marseille et la France entière, cette France si avide dans ces années d’entre deux guerres de faits divers.
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Ce jour là donc, Camille Maucuer, un bandit sans pitié, décide, en compagnie de sa bande de malfrats, d’attaquer le bureau de Poste de Saint Barnabé alors que la Sureté l’ancêtre de notre PJ, prévenu par la voix divine, décide de son côté de lui tendre une souricière !
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Tout est donc près pour que le fait divers commence !
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Il est un peu plus dix sept heures quand une voiture, conduite par Pascal Fusco, s’arrête devant le bureau de poste. Il s’agit d’une automobile volée le matin même rue de la Darse à un certain Charles Gouin, un cassidain venu passer quelques heures à Marseille.
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Quatre hommes en descendent :
  • Camille Maucuer, 40 ans, né à Bollene, ancien ajusteur, marié à vingt ans, déserteur durant la grande guerre, vivant du pillage des trains, réputé dangereux et recherché comme tel, condamnés plusieurs fois et interné en asile psychiatre pour « folie homicide »,
  • Calixte Joulia, 35 ans, cheminot de la compagnie du PLM, brillant soldat décoré plusieurs fois, ayant rapidement compris les bénéfices qu’il pouvait retirer d’une association avec Maucuer, le pilleur de train.
  • Pascal Fusco, chauffeur de taxi, de nombreuses fois condamné pour de petits délits et habitant avec femme et enfants rue Haute Retonde,
  • Louis Mancini, 18 ans, un jeune italien en situation illégale en France, et vivant de petits boulots,

Laissant la voiture devant la porte, les quatre hommes pénètrent dans le bureau de poste. De source sure, ils ont apprit que le bureau de poste aurait une grosse quantité d’argent liquide ce soir là et ne serait protégé que par quelques employés, à majorité des femmes. Ils pensent donc pouvoir effectuer leur forfait en toute tranquillité
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A l’intérieur du petit bureau, ils repèrent quelques clients qui s’affairent et, derrière les guichets, protégé du public par une simple cloison de bois, la receveuse principale, Mme Salles épouse Tessier, et trois jeunes employés, dont Claire Reynaud au guichet et Constant Guasco, un jeune télégraphiste
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Attendant que les dernières personnes partent, les quatre malfrats jouent les clients. Pascal Fusco fait semblant d’écrire sur la tablette en compagnie de Camille Maucuer, Calixte Joulia consulte l’annuaire avec Louis Mancini. Quelques minutes plus tard, le bureau étant presque vide, Camille Maucuer donne le signal.
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Mettant des cagoules que leur a confectionnées la femme de Joulia, les malfrats passent à l’attaque. Pascal Fusco ferme brutalement la porte de la rue Montaigne tandis que ses complices ouvrent alors la porte faisant communiquer les deux parties de la salle.
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Saisie de panique, les employés de la Poste hurlent de terreur tandis que les malfaiteurs se précipitent vers la table près du tiroir caisse où ils savent que se trouve l’argent.
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Mais ce que les bandits ne savent pas, c’est que Mme Salles a fait mettre en sécurité le sac des valeurs par son jeune télégraphiste dès le moment où elle a vu les quatre hommes pénétrer dans la poste. Car, non seulement, la receveuse est prévenue du forfait qui se prépare, mais en plus la police est cachée dans les locaux. En effet, depuis le 15 avril 1932, la police marseillaise est au courant de l’attaque en préparation et fait le guet pour appréhender les bandits en plein travail. Seule la date exacte était manquante.
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C’est à ce moment là que surgissent trois inspecteurs de police, l’arme au poing. Une bagarre générale éclate alors dans l’espace très réduit du petit bureau de poste. L’inspecteur François Cambours se saisit de Mancini tandis que les inspecteurs Georges Saint-Pol et Alphonse Thibon maitrisent Calixte Joulia, un hercule.
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De son côté, le quatrième malfrat, Pascal Fusco, sentant le vent tourner, préfère abandonner ses comparses. Il quitte la poste en courant, prenant la voiture qui les avait amenés. Cette décision prive ses complices de tout moyen de fuite.
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Camille Maucuer, encore libre de ses mouvements, n’hésite pas. Sortant son pistolet, il tire une première fois sur l’inspecteur Cambours avant de décharger son arme à bout portant sur les deux autres inspecteurs. Dans la mêlée, Louis Mancini fait aussi feu sur l’inspecteur le ceinturant, en l’occurrence François Cambours. Mais celui-ci, loin de relâcher sa prise, s’accroche encore plus au jeune italien qui perd son arme dans la bagarre.
.Cependant, les cris et les coups de feu attirent du monde. Camille Maucuer et Calixte Joulia s’enfuient sans demander leur reste tandis que Louis Mancini sort du bureau en se colletant toujours avec l’inspecteur Cambours qui, malgré ses graves blessures, ne veut pas lâcher le criminel.
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Michel Charles, le patron du bar voisin, le Renaissance, à l’angle de la rue du Docteur Cauvin, voyant la scène, ne se pose pas de question. Se saisissant du revolver qu’il cache sous son comptoir, il se précipite vers les deux hommes en train de se battre, dont l’un grièvement blessé est en train de lâcher prise, il prend sa décision. Il se précipite sur Louis Mancini. Le ceinturant sans ménagement, il lui met son revolver sur la nuque en lui intimant l’ordre de se rendre. Se voyant perdu, le jeune malfrat décide de faire profil bas et se rend immédiatement.
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Le Docteur Henry, arrivé sur les lieux à son tour, se précipite vers les inspecteurs gisant dans leurs sangs. Il lui faut se rendre à l’évidence. Il est trop tard pour les trois hommes.
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Trois inspecteurs tués, le bilan est très lourd. Mais Maucuer et le drame de Saint Barnabé viennent de rentrer dans l’histoire du fait divers.
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A suivre …
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Suite et fin de cette affaire qui a bouleversé l’opinion publique marseillaise et la France entière le vendredi 31 juillet 2009 : L’enquête, le procès et le verdict
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