lundi 20 juillet 2009

L’art de la rhétorique

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Lundi 20 juillet 2009 :
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L’art de la politique et, par ricochet, celui du discours, plonge ses racines dans la tradition grecque antique.
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Dès le VIème siècle, les grecs font de l’éloquence leur art de la politique. Pour les grecs, la démocratie est le fondement de l’épanouissement de la parole politique.

Plus tard, le romain Ciceron, prenant exemple sur deux des grecs les plus célèbres, Démosthène et Périclès, brosse le portrait du bon orateur qui doit savoir plaire, prouver et émouvoir. Il en profite pour donner des conseils, toujours d’actualités :
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« Ne refuse rien à personne : quand on fait des promesses, l’échéance est incertaine, éloignée dans le temps. En revanche, en refusant, on est sûr de se faire des ennemis, et en foule. »
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Jules César est un très bon orateur. Pire, il aurait certainement plus à nos médias avides de « petites phrases qui tuent ». De « Alea Jacta est » lorsqu’il franchit le Rubicon à « Tu quoque filii » adressé à Brutus, son fils en passant par « Veni, vidi, vici » au retour de la campagne de Pharnace, il s’est spécialisé dans ce type de phrase choc.
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Plus tardivement, Henri de Navarre, futur Henri IV et son panache blanc vont à leur tour révolutionner l’art de la formule car, après tout, « Paris vaut bien une messe ».
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Mais le summum de l’art de la formule lapidaire, c’est le jeune Louis XIV s’adressant en 1655 au Parlement de Paris en pleine rébellion qui va la trouver : « Messieurs, l’Etat, c’est moi ! » asséne-t’il à des parlementaires médusés de le voir surgir inopinément devant eux, botté, sa cravache sous le bras, revenant d’une journée de chasse.
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Plus assagi, quelques années plus tard, il expliquera en 1669 que « l’intérêt de l’Etat doit marcher le premier », intérêt qui sera, quoiqu’on en dise, sa première préoccupation, jusque sur son lit de mort le 1er septembre 1715 où ses dernières paroles seront : « je m’en vais mais l’Etat demeurera toujours … Soyez tous unis et d’accord : c’est l’union et la force d’un Etat ! »
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Il faudra attendre la Révolution et Mirabeau pour que de nouveau l’art de la formule prenne de nouveau son envol. Le 23 juin 1789, Mirabeau lance à ceux qui veulent lui faire évacuer la salle du jeu de Paume : « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté nationale et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ! »
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Le 13 novembre 1792, c’est au tour de Saint-Just, redoutable orateur, d’entrer dans le panthéon des déclarations en lançant lors de la mise en accusation de Louis XVI : « Pour moi, je ne vois point de milieu : cet homme doit régner ou mourir ! »
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Danton, « s’immortalisera » dans les secondes précédant sa décapitation. Regardant froidement le bourreau, il lui rappelle : « N’oublie surtout pas de montrer ma tête au peuple, elle en vaut la peine. »
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Ensuite, l’Empire, la Restauration, le Second Empire vont endormir la rhétorique qui ne reviendra, lus forte et plus puissante, à partir de la IIIème république avec des orateurs exceptionnels :
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Gambetta : « Pour gouverner les français, il faut des paroles violentes et des actes modérés »
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Gambetta : « Ce qui constitue la démocratie, ce n’est pas de reconnaître des égaux mais d’en faire »
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Clémenceau : « Tout le monde peut faire des erreurs et les imputer à autrui : c’est faire de la politique »
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Clémenceau : « On ne meurt jamais tant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse. »
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Jaurès : Parlant du programme présenté en Assemblée : « Un programme sablé de bonnes intentions »
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Jaurès : « Vous apportez que des solutions incomplètes, une politique hésitante. Vous êtes au dessous du suffrage universel »
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Jaurès : « Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots ! »
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De Gaulle : « Quoiqu’il arrive la flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas »
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De Gaulle : « Il est temps de siffler la fin de la récréation »
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De Gaulle : « Ce qui est à redouter à mon sens après l’événement dont je parle, ce n’est pas le vide politique. … c’est plutôt le trop-plein. »
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Giscard d’Estaing : « Vous n’avez pas, monsieur Mitterrand, le monopole du cœur »
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Giscard d’Estaing : « Vous gérez le ministère de la parole. »
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Mitterrand : « Comment pourriez-vous faire demain ce que vous n’avez pas fait en sept ans ? »
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Mitterrand : « Vous avez tendance à reprendre le refrain d’il y a sept ans sur l’homme du passé. C’est quand même ennuyeux que, dans l’intervalle, vous soyez devenu, vous, l’homme du passif. »
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Chirac : « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir ! »
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