lundi 10 août 2009

Henry IV et Sully, européens convaincus avant l’heure

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Lundi 10 aout 2009 :
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Lorsque le 22 décembre 1641 meurt Maximilien de Béthune, plus connu sous le nom de Sully, l’Europe du XVIIème siècle ne sait pas qu’elle vient de passer à côté d’un de ses plus grands rendez-vous avec l’histoire. Même maintenant, quatre siècles plus tard, peu savent que l’Europe que nous connaissons aurait plus être établi dès l’avènement de Henry IV et grâce à son ministre le plus emblématique : Sully.
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Peu de temps avant sa mort, Sully a publié ses Mémoires ou, tout du moins, les deux premiers tomes d’une immense biographie personnelle. Ces deux premiers tomes ont pour but de montrer combien Sully était un grand économiste, incontournable. Comme cela se faisait à l’époque, ces mémoires, ressassés durant trente ans, (depuis son éviction par la régente Marie de Médicis qui a succédé à Henri IV après son assassinat), sont féroces et toute à l’hagiographie de celui qui les écrits.
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Ces mémoires donc, appelé communément « Oenomies royales » vante les mérites de la réformes économiques du ministre des finances d’Henry IV mais aussi présente un vaste plan de réorganisation de l’Europe appelé « le Grand Dessein », plan que Sully attribue à Henry IV lui-même et qu’il aurait du mettre à exécution à la suite de la guerre qu’il s’apprêtait à mener en 16100 à la veille de son assassinat contre l’Autriche.
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Quel est donc ce « Grand Dessein » ?
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Ni plus ni moins que mettre un terme au déséquilibre géopolitique qui depuis le début du XVIème siècle est source permanente de tension et de conflit et altère grandement les relations internationale tout simplement en redécoupant l’Europe.
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Suivant les plans de Sully et de Henry IV, l’Europe à l’exclusion de la Moscovie, serait découpée en quinze dominations, les six royaumes héréditaires (France, Espagne, Grande Bretagne, Danemark, Suède et Lombardie), six puissances électives (papauté, Venise, Empire, Pologne, Hongrie et Bohème) et trois républiques fédératives (République Helvète, République d’Italie et République des Belges). Ces quinze états auraient été réduits à une égalité de territoire et de richesse.
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A cette mise en ordre politique, le domaine religieux ne serait pas non plus oublié puisque dans ce schéma, les trois grandes confessions chrétiennes (catholique, luthérienne et calviniste) auraient jouissance de l’exercice libre et public du culte, avec à terme un meilleur équilibre religieux.
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Ces quinze puissances formeraient une confédération dirigée par six conseils particuliers qui réglerait les différents entre chaque souverain et ses sujets et ceux des états entre eux.
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Mais ces Conseils seraient aussi sous le contrôle d’un conseil général dont le but militaire est dévoilé dans ses attributions : Il fixerait les contingents en homme et la contribution financière que chaque puissance devrait fournir pour soutenir ses buts. Il lèverait troupe et argent, dirigerait les opérations militaires et présiderait aux partages des conquêtes.
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A cette recomposition politique, économique et financière se grefferait aussi une recomposition géographique puisque les dominations seraient découpées suivant des critères géographies et non plus politique, avec comme objectif l’égalité des surfaces couvertes.
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En fait, ce « Grand Dessin » poursuit deux buts : réduire la puissance de l’Empire romain germanique et surtout unir les pays pour contenir les turcs qui sont menaçants.
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Ce « Grand Dessein », utopique sous Sully et Henry IV, repris et amendé par Richelieu (qui toutefois se contente de le présenter dans ses mémoires et non de le transformer en but politique durant son ministère), immortalisé par Rousseau, Necker et Saint-Pierre, ne verra sa réalisation sous une autre forme qu’au XXème siècle.
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Je vous laisse deviner de quelle manière !
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