lundi 17 août 2009

Quel temps de travail au fil des siécles ?

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Lundi 17 aout 2009 :
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Dans la série des papiers de l’été, en ce début de semaine, histoire de de mettre en douceur dans le bain, comme annoncé, un petit papier historique avec cette fois-ci une face cachée de la conscription au XIXème siècle.
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La loi française est intransigeante : le temps de travail en France est de 35 heures et cela depuis les lois dites Aubry de 1998 et 2000. Malgré les derniers coups de canifs, la libéralisation du travail du dimanche et la volonté du gouvernement, ces lois sont toujours d’actualités.
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Je ne vais pas polémiquer ou étudier le bien fondé de ces lois mais faire un parallèle avec ce qu’il se passait dans le passé. Mais ce que peu de gens savent, c’est que l’état ne s’est mêlé que depuis le XIXème siècle à réglementer la durée du travail. Avant cette époque, c’était le rythme des saisons et les désidératas du clergé qui imposait les périodes de travail.
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A partir du VIème siècle, l’Eglise avance le caractère inconciliable du travail avec l’événement joyeux et religieux du dimanche. Celui-ci doit donc être chômé par tout bon chrétien qui se respecte. En même temps, dans le cadre de la christianisation, les fêtes païennes, chômés pour la plupart, sont peu à peu christianisé avec le repos allant de pair.
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Ainsi, si l’on compte les cinquante deux dimanches chômés, les nombreuses célébrations religieuses, la fête du saint patron du village, le jour de la consécration de l’église locale, le jour de la fête du saint patron d’un métier, ce n’est pas moins de cent quarante jours chômés par an que l’on trouve au Moyen-âge.
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140 jours au Moyen Age pour 140 jours de repos de nos jours ! Or, à cette époque, le temps de travail était aussi conditionné par les conditions climatiques, le rythme des saisons et la durée du jour. On travaillait beaucoup en été et peu en hivers.
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L’industrialisation va avoir deux conséquences : une meilleure production et le remplacement des rythmes naturels par des rythmes mécaniques non soumis aux aléas de la nature. Conséquence directe : l’allongement du temps du travail et un temps de travail dépassant rapidement les 15 heures par jour.
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En 1814, l’état se mêle pour la première fois réellement du temps de travail en réimposant, à la demande de l’Eglise, les dimanches chômés tout comme les jours de fêtes catholiques.
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En 1836, on estime que les ouvriers français travaillent 63.8 heures par semaine et cela 52 semaines par an.
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Il faudra attendre le rapport du docteur René Villermé enquêtant dans le Haut-Rhin en 1840 et estimant que 13000 des 60000 ouvriers recensés sont des enfants, « restant 16 à 17 heures debout chaque jour dont 15 au moins dans une salle fermée sans changer de place ni d’attitude » pour que l’Etat prenne enfin conscience de son rôle régulateur.
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En 1841, deux ans après la Prusse et vingt deux ans après le Royaume Uni, la France limite à 8 heures par jour le travail des enfants de 8 à 12 ans et 12 heures pour ceux de 12 à 16 ans.
Mais faute d’inspecteur du travail dont la corporation ne sera crée qu’en 1892, la loi n’est pas appliqué et les conflits entre ouvriers et patron sont les seuls régulateurs du travail.
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On est loin des huit heures de travail prônés par l’Association internationale des travailleurs. En 1892, une première loi sur le temps du travail fixe la durée du travail à 11 heures pour les femmes et les moins de 18 ans et 12 heures pour les hommes. Toute cela sera uniformisé des 1900 à 10 heures.
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Mais la durée du temps de travail n’est pas à cette époque le leitmotiv principal des ouvriers et il faudra attendre le lourd conflit dans la confection parisienne de 1918 pour voir cet argumentaire prendre la première place dans les revendications des ouvriers.
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En 1919, dans la confection, le temps de travail est ramené à 8 heures par jour, soit 48 heures par semaine. Mais cette percée à pu se faire grâce au taylorisme et à l’augmentation substantielle de la production malgré la baisse du temps de travail.
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En 1926, sept millions d’ouvrier sont sous ce nouveau régime à l’exception des ouvriers agricoles, fort nombreux à l’époque (2.8 millions) , et des travailleurs à domicile (1 million).
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La grand étape suivante sera bien entendu le « Front populaire » instituant après de dur combat sociaux à la fois les 40 heures et les congés payés, et généralisant la pratique des conventions collectives.
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Mais les menaces planant en Europe, l’échec du Front populaire, le retour aux affaires de la droite classique, va rapidement porter un coup à la durée du temps de travail avec des dérogations accordés à certains secteurs de l’économie et l’usage intensifs aux heures supplémentaires.
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La période d’immédiat après-guerre est marquée par une hausse sensible de la durée du travail car même si la loi de 1946 a rétabli la durée légale 40 heures hebdomadaires, elle offre de grande facilité pour les heures supplémentaires.
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Malgré la troisième semaine de congés payés en 1956 puis la généralisation de la quatrième en 1965, la France est le pays industriel où la semaine de travail est la plus longue et cela jusqu’au milieu des années 70. Ainsi, en 1968, on travaillait 44.9 heures en France contre 43.9 en Italie, 43.2 en Allemagne et 43 au Pays-Bas.
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Ce n’est qu’en 1982 que l’on passe la barre des 39 heures puis en 1998 la barre des 35 heures.
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