vendredi 28 août 2009

Marseille : un casse réussi (Partie I)

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Vendredi 28 aout 2009 :
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Dans la série des papiers de l’été, en cette fin de semaine comme prévu un petit papier d’histoire locale marseillaise avec la première partie d’une histoire qui a défrayé la chronique en 1938 : « l’attaque du train de l’or »
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Le 22 septembre 1938, une audacieuse agression à main armée est commise dans la grande banlieue marseillaise contre un train de messageries qui effectue le trajet entre Marseille Saint-Charles et Paris Gare de Lyon. Le butin, dans un premier temps évalué à plusieurs millions de francs de l’époque se compose de 20 kilos d’or alluvionnaire en 168 lingots et d’un lot important de bijoux. Le « casse du siècle » pour l’époque.
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Ce casse audacieux est l’œuvre de deux bandes de la pègre marseillaise qui ont uni leurs efforts devant l’ampleur de la tache : les bandes d’Auguste Mella (dit Gu) et Jean Rossi. C’est la première fois depuis 1905 et le traité dit « des prophètes » qui entérinait le partage de la cité phocéenne entre bandes rivales que deux bandes, en parfaite intelligences, montent un gros coup sur le territoire même de la commune.
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Le convoi portant le numéro 4818, est composé d’une vingtaine de wagons chargés de marchandises diverses et d’un fourgon métallique, placé directement derrière la locomotive, contenant dix sept colis dont trois enfermés dans la soute aux cales dites « soute aux valeurs ». Dans la soute des valeurs, les employés des messageries ont chargé les biens les plus précieux débarqués du navire des Messagerie Maritime « Mariette Pacha » en provenance du Congo Belge. Deux des colis sont des paniers contenant 20 lingots d’or alluvionnaire pesant un peu plus de 173 kilos et représentant plus de sept millions de francs de l’époque à destination de la Société métallurgique d’Hobroken. Dans le troisième panier, un lot assez important de bijoux et de pièces italiennes. Comme cela se faisait à l’époque, la soute a été plombée sur les quais même par les douanes
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Le convoi en provenance de Marseille-Joliette, de la coupé du « Mariette Pacha », a quitté la gare Saint-Charles à 1 h 40’ du matin pour gagner Paris avant de continuer sa course vers la Belgique. Sur la locomotive, le mécanicien Pierre Ayme et le chauffeur Auguste Mounier. Dans les wagons, le chef de train Emile Dupousier, et dans l’un des wagons, véritable chambre forte à cause de son chargement, Achille Masclet, le garde « financier », chargé plus spécialement de surveiller le « wagon aux valeurs ». Celui-ci ne devait pas faire ce train là, mais il remplace au pied levé un collègue malade.
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Quelques minutes plus tard, alors que le convoi venait de dépasser la gare de Saint-Barthélemy, et se dirigeait vers le tunnel de la Nerthe à petite vitesse, à cause des travaux en court à cet endroit là, un incident survint. Le convoi se mit à ralentir avant de stopper brutalement en quelques dizaines de mètres. Les freins de secours venaient de se déclencher.
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Croyant à un incident survenu aux freins, les deux cheminots de la locomotive décidèrent de chercher la cause de la panne Descendant de sa machine, Pierre Ayme commença à remonter son convoi pour déterminer ce qui avait déclenché le système de secours. Sur le ballast, il est aidé par le chef de train qui vient de descendre de son wagon, lui aussi pour se rendre compte de ce qui se passait.
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A la suite de leur inspection de conserve du convoi, ils doivent se rendre à l’évidence : ils n’ont rien trouvé de suspect ni sur les boggies ni sur le système de freinage permettant d’expliquer l’arrêt brutal du convoi. De son coté, Achille Masclet descendit lui aussi de son fourgon pour venir aux nouvelles mais il ne put rejoindre ses deux compagnons/
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Le mécanicien et le chef de train sont en train de discuter au niveau du premier wagon lorsque soudain surgirent des bas cotés de la voie une dizaine d’hommes, masqués et armés.de pistolet : tous criaient pour effrayer les cheminots. Alors qu’ils ne se trouvaient plus qu’à quelques mètres du convoi, ils ouvrirent le feu vers les quatre hommes. Les cheminots se couchèrent immédiatement sur le ballast. Le garde financier ne put même pas dégainer. Une balle l’atteignit au bras, le projetant au sol, tandis qu’une deuxième faisait voler sa casquette.
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Un d’entre eux, brandissant son revolver, se plaça à côté des cheminots en hurlant : « Ne bougez plus ou je vous brule ! » tandis qu’un autre, menaçant le garde, lui enjoignait : « Fais le mort où l’on te tue ! »
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Les autres malfaiteurs se précipitèrent directement vers le fourgon aux valeurs, le premier wagon derrière la locomotive. Le déplombant, les bandits grimpèrent avec agilité à l’intérieur, se mettant à farfouiller avec ardeur. Ils trouvèrent rapidement ce qu’ils cherchaient, en l’occurrence les paniers 61 et 80 contenant l’or du « Mariette Pacha ». Au passage, le troisième panier comprenant les bijoux fut lui aussi emporté.
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Toujours avec une grande rapidité, les malfaiteurs transportèrent leur lourd butin vers une des deux automobiles qui venaient d’arriver sur la route longeant la voie.
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L’un des malfaiteurs cria : « Et le reste, vous l’avez ? »
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A la réponse affirmative de l’un des bandits, les voitures démarrèrent et se perdirent dans la nuit, emportant les bandits et leur butin.
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Délivrés, le mécanicien et le chauffeur remirent le train en route jusqu’à l’Estaque où le chef de gare, réveillé, prévint la police. Moins d’une heure plus tard, Mr Christol, commissaire de police de permanence ce soir là, se retrouvait sur le terrain et l’enquête commençait …
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(To be continued – Partie II Vendredi prochain)
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